Le wahhabisme, une forme d’associationnisme

Alors que les wahhabites prétendent défendre une théorie de l’Unicité de Dieu, leurs croyances en fait reviennent à une forme d’associationnisme. Comment ? Shahîd Motahari nous donne son point de vue⁽¹⁾.

Les Wahhabites ont cru, sans le savoir, en une certaine indépendance de l’essence des choses, ce qui les a amenés à croire que l’existence d’une force « supranaturelle » dans les choses nécessite la croyance en des associés à Dieu, négligeant que l’existant, lié dans toute son identité à la Volonté divine et dépourvu de toute entité indépendante, s’appuie, pour exercer son influence « supranaturelle » ou naturelle à la fois, plus sur Dieu le Très-Haut que sur lui-même. Cet existant n’est qu’une voie pour le passage de l’Émanation divine vers les choses.  

Est-ce que le fait de croire que l’Ange Gabriel est un intermédiaire pour l’Émanation de la Révélation et du savoir, que l’Ange Michael est un intermédiaire pour l’Émanation les moyens de subsistance, que l’Ange Isrâfîl est un intermédiaire pour l’Émanation des âmes et que l’Ange Izrâ’îl est  l’Ange de la mort est de l’associationnisme ?

Cette idée est la pire forme de l’associationnisme dans le cadre de l’Unicité dans la création, car elle croit en une sorte de division au niveau de l’action entre le Créateur et le créé. Les actes métaphysiques – selon cette pensée – sont spécifiques à Dieu et les actes naturels sont propres au créé ou communs entre le Créateur et le créé. Définir un cadre pour les actes des créés est de l’associationnisme-même au niveau des actes, et consacrer un cadre commun entre le Créateur et le créé est une autre forme d’associationnisme au niveau des actes.

Contrairement à ce qui est couramment admis, le wahhabisme n’est pas une théorie hostile seulement  à l’Imamat, mais elle est également hostile à l’Unicité et à l’être humain. Elle est hostile à l’Unicité car elle croit en la division entre les actes divins et les actes humains, en plus de tomber dans une sorte d’associationnisme caché, comme nous l’avons indiqué plus haut.

Elle est hostile à l’être humain car elle ne comprend pas les avantages déposés dans l’être humain qui lui permettent de s’élever au-delà des Anges, pour devenir le Lieu-tenant de Dieu sur terre, selon le texte coranique. Et, ainsi, elle le rabaisse au niveau de l’animal bestial.

De plus, différencier ainsi entre le mort et le vivant de cette façon, considérer que les morts, même dans la vie de l’Au-delà, ne sont pas vivants et limiter la personnalité de l’être humain à son corps matériel, qui se transforme en une matière inanimée après sa mort, sont des idées matérialistes hostiles à la façon de penser divine.

Le fait de différencier entre l’effet invisible et caché et l’effet connu et clair et de considérer le premier comme relevant de la métaphysique et le second non, est une autre forme d’associationnisme

Et ainsi s’éclaircit la parole du Messager de Dieu^(s) : « L’associationnisme parmi les gens est plus dissimulé que le glissement des fourmis sur un rocher, dans la nuit noire. »⁽²⁾

 (1)Shahid Motaharî, « al-mafhûm at-tawhîdî li-l-‘Alim» pp64-66 Dâr at-Tayyâr al-Jadîd  (cf. Concevoir le monde aux Ed. al-Bouraq, pp62-64)

(2)Bihâr, vol.50 p250 H4 ; Munâqib Ali Abî Tâleb^(p), vol.4 p439

www.lumieres-spirituelles.net     No64  - Ramadan 1435 – Juillet  2014