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2015-02-04 | Readers 1945 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Comment éduquer son fils ?


Comment éduquer son fils ?

« Nous étions la première génération à aller à l’école complémentaire et secondaire dans la ville de Tyr au sud du Liban. Nous étions très fiers à la limite de l’orgueil. Nous étions encore en 1ère classe complémentaire (l’équivalent de la 6ème) et nous aimions lire des livres pour plus grands que nous et nous pavaner dans les ruelles de la ville avec ces livres.

Un jour, j’entrai chez mon père, le grand savant Abd-al-Hussein Sharafeddine avec un livre de Descartes sous le bras. Il le remarqua, le prit, le regarda avec attention comme pour manifester son intérêt. Puis il le reposa et se mit à m’exposer les théories du doute et de la certitude, de l’athéisme et de la foi.

Il les exposait en toute objectivité et d’une façon simple et abordable pour l’enfant que j’étais. Je compris tout ce qu’il me dit facilement sur la philosophie de Descartes. Puis, il se mit à faire des comparaisons avec ce que disait l’Islam et me donna son avis.

A la fin, il se tourna vers moi et me dit :  « Mon fils, mes préoccupations pour certains sujets m’empêchent de lire de tels livres. Alors je compte sur toi pour que tu me mettes en contact avec ces livres de l’occident et ces productions modernes. »

Si je tardais à lui apporter des livres, il me les réclamait.

Cela révélait son ouverture, son intérêt pour toute production intellectuelle et son amour de discuter les différentes idées pour les confronter et montrer la supériorité de l’Islam.

Mais ce n’était pas que cela qui motivait l’attitude de mon père. Il voulait aussi veiller à mon éducation : il voulait à la fois me laisser libre de lire ce que je voulais et former ainsi mon point de vue de moi-même, de façon indépendante jusqu’à en être totalement convaincu. Il ne voulait pas que je crois comme lui par souci de l’imiter.

En même temps, il gardait une corde entre ses mains au cas où je m’égarerais, me perdrais en chemin ou dévierais.

Ainsi, sous le prétexte de vouloir être tenu au courant de ce qui se passait ailleurs, il cherchait à me montrer que l’Islam était ouvert à tout le monde et avait réponse à tout, qu’il ne fallait pas refuser de discuter des idées différentes. En même temps, il veillait à mon éducation. Il voulait que j’apprenne à réfléchir de moi-même, à discuter, à asseoir mes convictions, à ne pas me contenter de ce que j’avais entendu de mon père (ou à l’école), à confronter les idées des autres, tout en gardant un moyen de contrôle (indirect) sur moi, sur mon évolution, pour intervenir en cas de déviation ou d’égarement.  

Raconté par le fils de Sayyed ‘Abd-al-Hussein Sharafeddine  in Bughat ar-Râghibîna, vol. p144

www.lumieres-spirituelles.net     No43 – Dhû al-Hujjeh 1433 – Oct.-Novembre 2012

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