Fatima est Fatima

L’idéal universel féminin

de Ali Shariati

Ed. al-Bouraq

Ali Shariati (figure intellectuelle de l’Islam réformiste, influencé par certains courants de pensée occidentaux du début de la deuxième partie du vingtième siècle) eut le mérite de tenter de reformuler l’Islam dans un langage moderne s’accordant à la génération d’avant la victoire de la révolution islamique en Iran et de soulever des questions contemporaines. Il incriminait les savants religieux des « haouzahs » à qui cette responsabilité revenait, de ne pas faire le nécessaire pour montrer comment la religion de l’Islam est réellement la religion divine la plus accomplie et la plus actuelle et pour indiquer le chemin à suivre pour l’ensemble des gens

Ce présent ouvrage est réservé à la question de la femme, partant du constat de sa transformation indéniable du fait de l’évolution de la société ouverte à l’influence occidentale au temps du Shah, dans sa manière de s’habiller, de penser et même d’envisager sa vie en ce monde. Aussi, distingue-t-il trois types de femme : le premier qui est la figure traditionnelle de la femme, le second, la femme influencée par l’Occident, dont le modèle se diffuse de plus en plus du fait de l’offensive occidentale, et le dernier qui est la figure de Fatima, des femmes « fatimiennes », ni traditionnelle ni occidentalisée.

Le premier ne convient plus, le second ne correspond pas à la société iranienne profondément musulmane. Reste le troisième type qui correspondrait aux aspirations de l’ensemble de ces femmes qui ne veulent ni le carcan traditionnel ni le modèle occidental, qui sont à la recherche de leur propre identité et qui ont besoin d’un modèle, d’un guide.

Mais que connait-on de Fâtimah az-Zahrâ ‘^(p), la fille du Prophète Mohammed^(s) ? En quoi, après plus de 1400 ans, reste-t-elle le modèle d’avenir, de modernité, de progrès et de liberté ? C’est à ces questions que l’auteur tentera de répondre dans la seconde partie.

Parler de la personnalité de Fatima est une chose très difficile. Elle était « la Femme «  telle que l’Islam voulait qu’elle fût, un exemple de toutes les dimensions de la femme : un exemple de fille dans sa relation avec son père (« la mère de son père »), d’épouse avec son mari (le compagnon de voyage, d’élévation de l’esprit, de retraite de l’Imam ‘Alî^(p)..), de mère avec ses enfants. Elle était l’incarnation de la femme engagée et responsable face à son époque et à sa société. Elle était elle-même un guide (un « Imam »), un recours, une preuve. Aussi, après un bref rappel de sa vie, l’auteur conclut-il : « Tout cela est Fâtimah, mais ce n’est pas Fâtimah. Fâtimah est Fâtimah ! »

Remarque importante : dans une société qui accordait une grande importance au garçon pour assurer la postérité, le Prophète Mohammed aura « libéré » la femme, en accordant à sa fille Fâtimah le statut de dépositaire de ses principes, d’héritière de la longue lignée prophétique depuis le Prophète Adam^(p), en lui reconnaissant sa place fondamentale (al-Kawthar). Fâtimah sera aussi la mère de la lignée qui maintiendra vivant le Message de l’Islam jusqu’au Jour du Jugement dernier (à la différence de Mariam fille de ‘Imran^(p) qui sauvegarda le Message divin à son époque mais dont la lignée s’arrêta à son fils le prophète ‘Issa^(p)).