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2016-04-07 | Readers 12370 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Le Mali, vieille terre d'asile d’Ahl al-Beit(p)


Le Mali, vieille terre d'asile d’Ahl al-Beit(p)

Le Mali actuel est connu pour les principaux centres religieux du Mali ancien : Tombouctou, Djenné, Dia, Nioro, Nara, Banamba, Hombori..  qu'il hérita, à son indépendance en 1960. Plusieurs des mausolées de ces quelques 333 saints répertoriés en cet endroit (au point de donner à ces lieux le nom de « la Cité des 333 saints »), ont résisté au temps. Malheureusement, certains ont été les cibles de la sauvage barbarie obscurantiste des "takfiris" qui ont déferlé sur le nord du Mali actuel en 2012. Cette fameuse cité renfermait de précieux manuscrits anciens islamiques que de nombreux savants maliens ont étudiés avec ferveur, à travers les temps.

Les douze mosquées en l'an 60H

Dans un des nombreux écrits du Cheikh Ahmed Baba de Tombouctou, il a été relevé que le célèbre savant affirmait que, déjà en l’an 60 de l’Hégire, le Bled-es-Soudan (littéralement le "Pays des Noirs"), qui sera plus tard connu sous l’appellation du Soudan occidental devenu Soudan français (actuel Mali), comptait douze mosquées. Ce qui laisse à penser que l’Islam a vite pénétré l’Afrique noire et que le Ghana, le Mali, le Songhaï, si loin des terres d’Arabie,  étaient connus des Arabes en tant qu’Etats organisés. Ainsi, quand eut lieu le dramatique massacre de Karbalâ' et le grandiose martyre du petit-fils du Prophète Mohammed(s), l’Imam Al-Hussein(p) en terre irakienne de Karbala,  les citoyens du plus vaste Empire noir pratiquaient leurs devoirs religieux dans des mosquées. Malheureusement, il n'existe aucune pièce pouvant scientifiquement justifier la présence de douze mosquées sur le sol du Mali de l’époque. Seule, la notoriété scientifique de ce savant émérite permet de l'affirmer.

Cheikh Ahmad Baba, né Abou Al-Abbas Ahmad Ibn Ahmad Al-Takruri Al-Massufi le 26 octobre 1556 à Tombouctou (alors partie de l’Empire songhaï), décéda le 22 avril 1627 dans sa cité de naissance. En Afrique de l’ouest, il a laissé à la postérité l’image d’un savant, d'un homme de lettres qui a vigoureusement résisté à l’envahisseur "saadien" (venant de l’actuel Maroc). C’est d’ailleurs en raison de sa vaste érudition dans les sciences islamiques et sa résistance intellectuelle et morale à la domination de l’étranger marocain que le Sultan Ahmad Al-Mansour du Maroc le fit capturer et le retint prisonnier durant seize bonnes années au Maroc, avant de se résoudre à le relâcher et à l’autoriser à regagner son terroir de Tombouctou.  Il y sera immortalisé puisque « Le Centre d’études des manuscrits du désert » à Tombouctou porte son nom depuis sa création en 1970 par le gouvernement malien avec l’aide de l’Unesco (sur financement qatari), lequel Centre sera rebaptisé CDRAB (Centre de Documentation et de Recherches Ahmad Baba). Ce financement qatari de départ explique peut-être, avec le recul, le déferlement des djihadistes (wahhabites, salafistes et autres narcotrafiquants emmitouflés dans la toge islamique) qui s’étaient emparés du nord du Mali actuel en 2012 et qui y avaient perpétré, entre autres crimes impardonnables, celui d’incendier les manuscrits du CDRAB recelant d’immenses trésors islamiques, dont des traces évidentes de la présence de la noble doctrine religieuse des Imams Ahle al-Beit(p) dans cette partie du monde. On dispose malheureusement de peu de données sur le profil physique de Cheikh Ahmad Baba. A notre connaissance, il existe tout de même à l’Institut français de Bamako un manuscrit (traduit en français) d’un de ses disciples affirmant que son Maître « n’était pas un Sudan », c’est-à-dire un Noir..

La présence d'Ahle al-Beit(p) en cet endroit n'est pas une chose étrange. En effet, le Mali de l’époque dut recevoir sur son sol plusieurs des descendants du noble Prophète Mohammed(s) cherchant à sauver leurs vies et leur religion, fuyant les persécutions, emprisonnements et assassinats que subit la sainte famille du Prophète(s) à la mort de ce dernier(s)...  L’existence de plusieurs familles "chérifiennes" (on dirait "sayyed" sous d’autres cieux) à Tombouctou, Nioro, Banamba, Djenné, Nara, etc., témoigne de l’arrivée de nobles descendants du dernier Messager d’Allah(s) dans ces contrées reculées d’Afrique noire. Le cas du Chérif Moulaye Idriss, fondateur du Royaume chérifien du Maroc est illustratif à plus d’un titre. Les marques de respect et d’amour des Noirs à l’endroit de ces "Chérifs" étrangers demeurent le signe le plus probant que les Africains ont toujours mis les descendants du Prophète(s) au-dessus de toutes les autres lignées et généalogies humaines. La démonstration est facile à établir dans la vie civile comme dans la littérature.

La main de Fatimah(p)

Parmi les nombreuses routes menant à Tombouctou, il y a celle qui passe par Hombori, cité musulmane  depuis des siècles. Or, celle-ci connaît dans son relief une montagne possédant un pic. Pour les populations croyantes de la zone, ce pic est tout simplement la main levée vers Dieu de Fâtimah, fille du noble Prophète(s). On l’appelle tout simplement, avec une profonde vénération, « la Main de Fâtimah ».

Le cimetière de Dina dans la région de Balé

Un autre élément vient corroborer l’antériorité de l’Islam chiite au Mali. Dans le Sahel occidental malien, on trouve dans l’arrondissement de Balé (dans le cercle de Nara, au nord de 400km de Bamako) un village dont le nom est « Dina ». De mémoire de citoyens anciens, ce nom signifierait tout simplement « ad-Dîn » (la religion), appellation que des émigrants arabes ont au site où ils se sont installés après de longues tribulations qui les ont hasardeusement  conduits sur cette partie d’Afrique dont le sable rappelait quelque peu celui de l’Arabie. Dans ce village de « Dina », il existe un vieux cimetière où les épitaphes sur les tombeaux indiquent clairement des noms et prénoms arabes, comme pour signifier que « là sont enterrés les premiers Arabes arrivés ici ». Contrairement aux tombeaux africains sans épitaphe de l’époque, ceux de ce cimetière particulier sont grands et larges, preuve supplémentaire que cette façon d’enterrer était bien nouvelle dans la zone.

L’histoire raconte que c’est dans ce cimetière que le Cheikh Mohammed Abdoulaye Souadou, le plus grand poète malien de langue arabe ayant chanté les éloges du noble Prophète(s), un panégyriste hors pair de la grandeur mohammadienne dont les vers restent à ce jour inégalés, venait régulièrement, tous les après-midi, se recueillir  auprès de la tombe d’un "Chérif" descendant du Prophète(s), tombe à côté de laquelle a poussé un arbuste qui existe toujours, comme pour apporter une fraîcheur éternelle au sommeil de son noble habitant. On dit que c’est la baraka qui émanait sans cesse de la sépulture bénie du descendant "chérifien" qui nourrissait l’inspiration poétique du Cheikh Mohammed Abdoulaye Souadou. Ce "Chérif" n’eut qu’une fille à qui il donna le nom de Fâtimatou-Zahra(p)
mais qu’il se plaisait à appeler Oumîl Abi, la joie de son cœur. Les populations locales ne retiendront finalement de l’expression Oumîl Abi que le nom Oumou et, par respect, Bâ Oumou, c’est-à-dire notre « Mère Oumou », ou Oumou Dilly (Oumou de la cité de Dilly). Bâ Oumou épousa un pieux peulh, Modibo, de la famille des Kane Diallo et donna naissance à une prestigieuse lignée de grands marabouts dont la renommée a été bien au-delà du Sahel occidental malien.

Le plus célèbre d’entre eux est son premier fils Sidi Modibo Kane Diallo dont les connaissances ésotériques islamiques ont été sollicitées même jusqu’en Occident. Et c’est ce même Sidi Modibo Kane Diallo qui a préparé et autorisé le Cheikh Abba Ali Diallo(1) à aborder avec sagesse et science le nouvel étendard islamique levé en Iran en 1979 par un certain Ayatollah Khomeyni, étendard qui lui apparaissait à bien des égards comme le fanion originel de l’Islam. Cheikh Abba Ali Diallo porte aujourd’hui, fort heureusement, le message des Ahle al-Baït(p) avec une admirable dévotion. Hommage soit rendu à Cheikh Sidi Modibo Kane Diallo ! Les Cheikhs de la localité, qui sont des gens suffisamment avertis des textes religieux, ont vite fait une déduction : Bâ Oumou est le « al-Kawthar » local comme Fâtimatou Bint Mouhammad est le « al-Kawthar » universel grâce à la lignée sanctifiée des Ahle al-Beit(p) issus d’elle !

Les marabouts de Dilly, particulièrement les Kane Diallo (descendants de Bâ Oumou), font généralement leurs retraites spirituelles appelées "khalwa" à Dina, chaque fois qu'ils ont à faire face à une situation difficile ou de grande importance.

L'enceinte de Dilly (dans le cercle de Nara)

Bâ Oumou repose dans l’enceinte familiale à Dilly (cercle de Nara) (distante de Dina de 80km). Sa sépulture est l’objet d’une vénération particulière et est régulièrement honorée par la visite des gens qui viennent de toutes les contrées du monde. Bien des miracles se sont produits par l’évocation de son intercession. Par exemple, chaque fois qu’un couple n’a pas le bonheur d’avoir un enfant, il se déplace à Dilly et, face à la tombe de Bâ Oumou,  invoque Allah. Alors, très généralement, le couple est béni par une heureuse naissance. Le nouvel enfant, s’il est un garçon, prend le nom de Modibo (mari de la sainte Bâ Oumou) et s’il est une fille, prend tout simplement le nom Oumou (qui rime avec Zahra dans la croyance populaire).

Amadou Diallo

(1)Cf. Lumières Spirituelles No75 in la rubrique Des états spirituels pp28-29

www.lumieres-spirituelles.net     No78  - Rajab-Sha'ban 1437 –  Avril-Mai  2016


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