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  2. L’invocation
  3. Le Coran
  4. L’Imam al-Mahdî(qa)
  5. Connaître Dieu
  6. La Voie de l’Éloquence
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  8. L’Au-delà
  9. Méditer sur l’Actualité
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  11. Des états spirituels
  12. La Bonne Action
  13. Exemples des grands savants
  14. Les Lieux Saints
  15. Notre Santé morale
  16. Notre Santé physique
  17. Notre Nourriture
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  19. Le Courrier du lecteur
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  23. Éditorial
  24. Divers
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2016-07-31 | Readers 2998 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

"ABD EL-KADER, l'harmonie des contraires"


"ABD EL-KADER, l'harmonie des contraires"

de Ahmed BOUYERDENE

Editions du seuil

2008ISBN : 978-2-02-096591-0

Voici un nouvelle biographie, peu ordinaire, spirituelle autant qu'historique,consacrée à l’Emir Abdel-Kader al-Hassani, une personnalité algérienne d'exception du XIXe siècle,rédigée avec finesse et parfaitement documentée par Ahmed Bouyerdene, chercheur en histoire d’origine algérienne.

L’émir Abd el Kader est une figure mystique majeure de l'Islam de l’époque moderne, son livre le plus important est Le livre des Haltes. Il est un commentateur de l’œuvre de Ibn Arabi. il fut aussi un grand résistant à l’occupation française de 1832 à 1847.Et il a encore de nombreuses autres facettes.

Cet homme a eu un destin hors du commun. Il est né en 1808 dans l’ouest algérien, il est un descendant du Prophète(s), appelé en Algérie les "chérifs". Il reçoit une éducation intellectuelle et spirituelle qui le destine à une carrière de lettré. Il part faire le Hajj avec son père en 1825 et n’en revient qu’en 1827. Mais la conquête de l’Algérie par la France en 1830 va changer le parcours de sa vie et va le porter bien malgré lui au-devant de la scène politique et militaire. Il fonda un Etat, fut un fin stratège et un diplomate ingénieux : un véritable chevalier. En 1847 il dépose les armes ; il négocie sa reddition pour pouvoir aller en Orient et retourner à sa vocation première. Mais l’occupant ne tient pas ses promesses, il resta en captivité jusqu’en 1852 en France, à Toulon, puis à Pau et à Amboise.

A sa libération, il part alors en Turquie, à Bougie. Puis il s’établit en 1855 à Damas, là où est enterré Ibn Arabi et c’est là qu’il mourra lui aussi. Il va en pèlerinage en Palestine en 1857. En 1860 il sauve des milliers de chrétiens de massacres. A Damas, il est enseignant et il revivifie les enseignements de Ibn Arabi ; il met toute son énergie à la diffusion de la connaissance. En 1863 il retourne au Hadj et il reste aux lieux saints un an et demi, il profite là de l’enseignement du Cheykh Mohammad al-Fâsî al-Chadhili.

En 1867 il est invité par Napoléon III à visiter l’exposition universelle à Paris où il se rend et se sera son dernier séjour en France. En 1869 il assiste à l’inauguration du canal de Suez et là il rencontre l’imam Chamil le héros de la résistance tchétchène contre les russes. L’émir Abd el Kader meurt en 1883 et il fut inhumé près du tombeau de Ibn Arabi à Damas.

L’auteur, d'une manière fort atypique, historique et spirituelle, ouvre à la complexité du personnage et montre l'humanité merveilleuse de cet homme à la vie paradoxale qui impressionna même ses pires ennemis par sa grande personnalité.

*Cette lecture est d’autant plus intéressante qu’en France une des histoires qui est occultée est bien celle qui lie ce pays aux peuples colonisés et tout particulièrement à l'Algérie. Inutile de rappeler combien cette page jamais racontée est pourtant omniprésente dans la mémoire collective mais, n'étant pas regardée avec sincérité, vérité et lucidité, s'avère être un agent colossal de fractures, de rejets et de racisme.

Ce livre est certainement un moyen passionnant pour soulever un pan de cette histoire oubliée et progresser loin de l'amnésie collective.

M. Ferhat

www.lumieres-spirituelles.net  No80 - Dhû al-Qa'deh - Dhû al-Hujjah 1437  -  Août-septembre 2016

Citations tirées de

 «ABD EL KADER , l'Harmonie des contraires

†« Le fils de Muhyi ed-Din, nous l’avons dit, a été formé durant sa jeunesse à devenir un ‘‘homme de chapelet’’. Ce sont les événements politiques qui en ont décidé autrement. C’est par obéissance à son père, et probablement à contrecœur, que le jeune Abd el-Kader a accepté d’être élevé au titre de Commandeur des croyants. Sa personnalité est alors tellement imprégnée par la tradition soufie que sa nouvelle fonction temporelle ne remet pas en cause sa vocation première. Si son engagement dans le jihâd répond à un devoir religieux, il est également l’expression d’une attitude intérieure. Dans la tradition spirituelle de l’islam, il existe deux formes de jihâd. Al-jihâd as-saghîr, le ‘‘combat mineur’’, désigne le combat mené contre un ennemi extérieur qui porte atteinte à l’intégrité physique ou territoriale du Dâr al-Islâm. Sur le plan spirituel on parle de jihâd al-akbar, ‘‘combat majeur’’ ou ‘‘le plus grand des combats’’, qui a lieu à l’intérieur de soi, contre ses propres passions et les pulsions naturelles que l’homme partage avec l’animal. Cette dernière forme de jihâd est considérée par la tradition musulmane comme étant la plus importante et la plus difficile à mener ; elle est en tout point conforme à une œuvre d’ascèse. Or c’est précisément cette dimension spirituelle du chef de guerre qui apparaît aux Français, et qu’ils vont contribuer à mettre en évidence(pp66-67)

†« Abd el-Kader était porté par un idéal de fraternité qui faisait de l’autre, familier ou étranger, un semblable, un autre soi-même. Durant la guerre, il avait traité les prisonniers français comme ses propres soldats. A Damas, il avait risqué sa vie pour sauver les chrétiens par ‘‘humanité’’. Dans les lettres écrites en captivité, il s’adresse de la même façon aux siens et aux étrangers : mêmes formules de civilité, mêmes références religieuses, mêmes prières, etc., avec la volonté persistante de traiter les uns et les autres sur un pied d’égalité. Musulmans, non-musulmans, tous les croyants, par-delà leurs différences dogmatiques, sont des ‘‘frères’’, y compris ceux que leur fonction place en position d’adversaire. Au colonel Daumas, agent du ministère qui le maintien injustement en captivité, l’émir écrit : ‘‘ Je ne fais entre mes frères et vous aucune différence ; c’est comme si nous étions tous sortis du ventre de la même mère, je vous le jure par la tête du Prophète’’. La fraternité évoquée n’est pas simple formule de courtoisie, mais conviction profonde qu’atteste le serment final »….

« La fraternité d’Abd el-Kader, son sens inné de l’accueil de l’étranger dans sa demeure –bayt, terme dont l’acceptation métaphorique renvoie au cœur– a, comme un effet de miroir, transformé le regard que les Français portaient sur lui. A leur tour, ceux-ci l’ont considéré comme un alter-ego, un semblable-dissemblable. Les différences culturelle et religieuse se sont estompées pour ne laisser transparaître que l’homme dans sa simple humanité sur lequel chacun projette un idéal religieux et spirituel ». (pp208-209)

†« Si Abd el-Kader a pu traverser une existence faite de contradictions, c'est à sa fidélité au Prophète Muhammad, dans sa réalité historique et métaphysique, qu'il le doit. Elle fait de lui un héritier muhammadien (al-warîth al-muhammadi) qui, parvenu au terme de sa progression spirituelle, après avoir réintégré sa nature primordiale (fitra), contemple à partir du centre de son être le déploiement de tous les possibles, telle la pure lumière blanche se réfractant en un nombre infini de couleurs. Si les aspects sont multiples, chacun d'eux porte l'empreinte de l'origine commune. Une empreinte qui peut se comparer à un "point", réceptacle de tous les possibles selon la symbolique soufie. Et c'est également à ce point initial et final que pourrait se résumer toute la vie, spirituelle et historique, d'Abd el-Kader al-Hassani. »(p220)

www.lumieres-spirituelles.net  No80 - Dhû al-Qa'deh - Dhû al-Hujjah 1437  -  Août-septembre 2016


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