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2017-07-20 | Readers 2155 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Qui est René Guénon (1886-1951) ?


René Guénon (1886-1951)

Né à Blois (France) en 1886 dans une famille catholique et mort musulman au Caire (Egypte), René Guénon est un exemple significatif de cette génération de la première moitié du XXe siècle en quête d’une spiritualité réelle et vivante (lui la cherchant dans la Tradition) à une époque où l’occident se tournait résolument vers le modernisme matérialiste. Mais à la différence de ses contemporains comme Massignon et Henry Corbin, il fit le pas de se convertir à l’Islam. Il laissa derrière lui 27 titres (régulièrement réédités) qui ont trait, principalement, à la métaphysique, à l’ésotérisme et à la critique du monde moderne.

Ce fut vers les années 1910, que Guénon s'initia à la fois au taoïsme (dont il disait être « une des voies les plus « dures » intellectuellement qu’il eût connue »), au védismeet au soufisme. En même temps, il se fit admettre dans une loge maçonnique, tout en maintenant un « parfait esprit catholique » et « antimaçonnique ». Cet éclectisme est révélateur de sa soif de vérité, de sa quête de connaissance (au sens vrai) et de son insatisfaction devant ce qu’offrait l’Occident. Il affichait son opposition à ces concepts occidentaux vidés de sens de sciences « profanes » (qu’il considérait comme des « résidus » des sciences sacrées), de modernisme, de rationalisme, de matérialisme, d’égalitarisme. Il préférait centrer ses recherches sur la métaphysique et cherchait à faire accepter la possibilité d'un ésotérisme chrétien en opposition à ce modernisme, croyant en une transmission mystique d'une vérité première apparue au génie humain dès les premiers âges du monde.   

Pour lui, la Tradition connut un âge d’or durant le Moyen Age où elle se développa à travers le Christianisme tout en étant véhiculée par de multiples sociétés ésotériques et initiatiques telles que l’Ordre du Temple, la Chevalerie du Saint Graal, ou encore les Fidèles d’Amour. Cette période faste se poursuivit jusqu’à la fin du XIVe siècle, qui marque le début de l’éclatement de la Chrétienté, du réveil des nationalités. Ce fut le point de départ de l’émergence du monde moderne deux siècles avant la Renaissance et la Réforme qui ne furent que les conséquences de ce mouvement de fond amorcé quelques siècles plus tôt. L’oubli de la Tradition se traduisit par la réduction du champ de la connaissance et par l’application de l’intelligence à son domaine le plus inférieur qui est celui de la stricte matérialité, aboutissant à la disparition de ce que Guénon qualifiait de « véritable intellectualité ». Cette « matérialisation » du savoir engendra en lui-même tout un lot de conflits selon le principe que « plus on s’enfonce dans la matière, plus les éléments de division et d’opposition s’accentuent et s’amplifient ».

Sa démarche était plutôt élitiste. Il s’adressait à l’élite intellectuelle pour préparer l'avènement du nouveau cycle historique (qui viendra nécessairement après ce cycle actuel de la civilisation matérialiste occidentale*). Il se fixa pour tâche de retrouver les principes de la métaphysique véritable, qui seraient encore présents intacts dans les seules traditions védique, taoïste et soufie auxquelles il fallait s’initier pour entrevoir la Vérité unique, éternelle, immuable, transcendante.

En 1930, il partit au Caire, dans le cadre d'un projet de traduction de textes soufis qui n’eut pas de suite. Il y resta après sa rencontre avec sheikh Mohammad Ibrahim (dont il épousa la fille). Il se fit alors appeler ‘sheikh Abdel Wahid Yahia’ (du nom qu’il avait reçu en 1910), adopta la langue arabe (et même le costume égyptien traditionnel), tout en continuant d’écrire et de polémiquer avec les différents courants de pensée occidentaux, à partir du Caire.  Naturalisé égyptien en 1949, il mourut en 1951.

Son œuvre peut être divisée en quatre grands axes (dans le cadre d’une « unité de conception ») :

ŸLes exposés de principes métaphysiques (L'Introduction Générale à l'Étude des Doctrines Hindoues (1921), L'homme et son Devenir selon le Vêdânta(1925), Le Symbolisme de la Croix(1931) et Les États multiples de l'être(1932), La Métaphysique orientale (1926-1939), Les Principes du Calcul infinitésimal(1946)) ;

ŸLes études sur le symbolisme (Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée (articles écrits pour les « Études traditionnelles », compilés par Michel Vâlsan (1962)), La Grande Triade(1946)) ;

ŸLes études relatives à l'initiation (L'Ésotérisme de Dante (1925), le Roi du monde (1927), Aperçus sur l'Initiation (1946), Initiation et Réalisation spirituelle (1952), etc.)

ŸLa critique du monde moderne (Orient et Occident (1924), La Crise du Monde moderne (1927), Autorité spirituelle et Pouvoir temporel (1929)Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps (1945), etc.).

René Guénon refusait toute étiquette, prenant ses distances des « orientalistes » qui, selon lui, « se bornent à considérer les doctrines venant de l’Est « du dehors » » alors qu’il fallait les étudier « du dedans ». Il se considérait lui-même seulement comme un « transmetteur », s’efforçant d'« exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l’Orient » (cette « connaissance supérieure, universelle », « directe et immédiate », provenant de l’« intuition intellectuelle »), soit de les « adapter (pour reconstruire l’ésotérisme occidental) en restant toujours strictement fidèle à leur esprit », loin des préjugés occidentaux. Il lui fut cependant reproché une méthode argumentative plus fondée sur l’analogie et la ressemblance que sur le discernement de la ‘rationalité’.

ŸŸLa trajectoire René Guénon interpelle. Témoin de l’« esprit prophétique » à travers les messages révélés à l’humanité, il n’a eu de cesse de mettre en garde l’Occident : « c’est contre lui-même surtout que l’occident a besoin d’être défendu, c’est de ses propres tendances actuelles que viennent les principaux et les plus redoutables de tous les dangers qui le menacent réellement. Il serait bon de méditer là-dessus un peu profondément, et l’on ne saurait trop y inviter tous ceux qui sont encore capables de réfléchir ».

Il a eu une influence certaine sur une génération de jeunes à la recherche de la Vérité et qui embrassèrent l’Islam par la suite.

*« Si nous sommes donc à la fin de l'âge sombre du fer nous allons vers le commencement de l'âge suivant, l'âge d'or, qui connaîtra le redressement de la spiritualité dans toute sa plénitude. » vision cyclique puisée aux sources des doctrines hindoues.

Cf. René Guénon L’Orient ou la redécouverte de l’esprit traditionnel au sens vrai N° 19, juin 2007 d’Amélie Neuve-église

www.lumieres-spirituelles.net N°86 - Dhû al-Qa‘adeh- Dhû al-Hujjah 1438 - Août-Septembre 2017


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