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2024-11-01 | Readers 106 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

{Nous dîmes : Ô feu, sois fraîcheur et paix sur Ibrâhîm}(69/21 al-Anbiyâ’)


{Nous dîmes : Ô feu, sois fraîcheur et paix sur Ibrâhîm}

(69/21 al-Anbiyâ’)

C’était au début des massacres sauvages de l’entité sioniste contre le peuple palestinien de Gaza, la Résistance Islamique libanaise avait mené une opération militaire contre une des positions militaires de l’occupant sioniste au sud du Liban (encore occupé), en solidarité avec le peuple de Gaza. Le 5 novembre 2023, l’entité sioniste envoya alors un missile contre une voiture civile (en connaissance de cause tout en prétendant qu’il s’agissait des combattants) sur la route entre deux villages du sud-Liban (Aïnata et Aïtaroun). La conductrice fut grièvement blessée mais sa mère assise à ses côtés et ses trois filles à l’arrière furent tuées sur le coup. Voici le témoignage de la survivante, Hoda Hijazi, véritable acte de foi, une leçon très riche et émouvante pour nous tous et toutes.

« Nous étions restées 12 jours sous les bombardements dans le village. Mes filles étaient très attachées à la terre, à la maison, au sud, à l’air du sud. Suite aux pressions de la famille, nous sommes descendues à Beyrouth, à cause de mes filles, alors qu’elles voulaient rester au sud.

Nous y sommes restées 5 jours, puis nous sommes remontées au village pour le week-end, samedi et dimanche. Mes filles étaient impatientes de remonter au sud.

D’elles-mêmes, elles avaient préparé leurs valises, y avaient mis leurs affaires, leurs jouets, leurs livres. Mon frère les avait aidées à finir leurs devoirs, à apprendre leurs leçons. En une demi-journée elles avaient tout fini ! Elles attendaient le lendemain matin avec impatience ! Aussi, samedi tôt le matin, nous sommes montées au sud.

Elles ont passé leur premier jour comme si elles étaient assises au Paradis. On entendait de temps en temps des bombardements. Si elles avaient au début un peu peur, elles se reprenaient tout de suite, se disant elles-mêmes : « Pourquoi avoir peur ? Et où nous allons, ô maman ? Si nous nous en allons, nous allons chez Dieu ! N’est-ce pas ? Et celui qui va chez Dieu n’a pas peur ! »

Mêmes ! C’étaient mes filles qui rassuraient ma mère qui n’était pas tranquillisée parce qu’elle avait du mal à marcher ! C’étaient elles qui la réconfortaient ! Et ma mère les prenait dans ses bras.

Nous sommes restées la nuit. Mais les bombardements s’étaient intensifiés durant la nuit. C’était comme la semaine précédente quand il y avait eu une opération militaire de la Résistance Islamique contre une position sioniste au sud-Liban et mes filles n’avaient pas eu peur alors ! Même ! Elles avaient insisté pour y revenir la semaine suivante !

Personne ne peut croire qu’une enfant puisse avoir un tel attachement, un tel amour ! C’était comme si elles allaient dans un endroit qu’elles voyaient de leurs yeux d’enfants, plus beau que celui dans lequel elles se trouvaient.

Puis ce fut le dimanche. Il fallait revenir à Beyrouth. Elles avaient des cours ‘online’. Après avoir rangé nos affaires, nous sommes parties. Nous sommes passées par la coopérative d’Aîtaroun pour y acheter de l’eau, des sucettes, du chocolat pour le chemin. La plus petite de mes filles était descendue pour choisir avec moi.

Un drone-caméra de l’entité sioniste était au-dessus de nous. Il ne nous quittait pas et il nous voyait très bien. Il voyait très bien que c’était moi qui conduisais, qu’il n’y avait pas d’homme dans la voiture. Ma mère était assise à mes côtés et mes trois filles derrière, l’une à côté de l’autre. Il nous voyait très bien, pendant tout le parcours.

En chemin, il n’y avait plus de transmission (pour l’internet). Ma mère me disait : « Regarde ! Il y a plein de messages ! » Je lui disais que dès que nous arriverons chez grand-père, nous les ouvrirons.

Puis, soudain est arrivé le coup ! Je ne peux pas le décrire tant il était fort et assourdissant !

Ce fut comme si une partie de moi s’était coupée en moi, de moi. Toutes mes veines ou artères étaient comme coupées sur le côté droit. J’ouvris la porte pour sortir de la voiture, mais mes jambes restaient accrochées sous la voiture.. Je criais..

Et je déclarais l’attestation de la foi : « J’atteste qu’il n’y a de divinité que Dieu et que Mohammed est le Messager de Dieu ! »

Une fois, deux fois .. Je pensais que j’étais en train de mourir.

Mais en fait, j’étais en train de la faire pour mes filles..

Mon oncle maternel arriva avec un jeune homme. Ils me sortirent de dessous la voiture.

De l’essence en coulait. Ils avaient peur que la voiture prenne feu et explose.

Mais je ne voyais pas ma mère ni mes filles..

C’était comme s’il y avait quelque chose qui se dispersait de moi, se séparait de moi.

Gloire à Dieu ! Par Dieu ! Par Dieu ! C’était comme « fraîcheur et paix »(1).

Quelque chose qui les séparait de moi ! Je n’ai pas senti qu’elles ont été brûlées.

Non ! Il y avait quelque chose (ou quelqu’un) qui les prenait de moi vers un autre monde, dans un autre endroit… Des mains pures et blanches les prenaient.

Peut-être des Anges...

Il y avait sayyida Zahrâ’(p) qui les enlaçait dans son ‘abayah..

Le Maître des Temps(qa) était présent..

Peut-être l’Imam al-Hussein(p) qu’elles aimaient tant, dont elles aimaient suivre le chemin (nahji-hu). Il était présent.. C’est lui qui les prenait dans cet autre monde.

C’est cela ce qui est arrivé. »

[On l’interrogea sur ce qu’elle dirait à l’ennemi, l’entité sioniste, qui lui a fait cela, elle dit :]

« Ennemi, tu m'as combattue sur ma terre et moi je veux te combattre sur ma terre aussi, sur ma terre que tu as usurpée, sur la terre de Palestine, qui est la première des deux qiblahs, dans la terre d’al-Quds (Jérusalem) où nous irons prier.  

Quant à toi, inique (ghâshim), [sache que] moi, je dormais assurée dans ma maison, parce que je suis dans ma maison, alors que toi, même si tu étais dans le plus grand des abris où que ce soit, sous terre, dans des endroits blindés, tu auras toujours peur car tu sais toi-même que tu es un usurpateur ! Tu sais que tu es un voleur, que tu es un mercenaire, un massacreur ! Tu viens dormir dans un endroit qui n'est pas à toi ! tu dormiras toujours en voyant l’effroi [en ayant la peur au ventre] et dans ton sommeil, tu nous verras !

Alors que nous, non ! Nous sommes rassurés, il y a des jeunes hommes qui nous protègent ! Il y a Dieu Qui nous protège. Nous sommes dans notre droit. Et celui qui est dans son droit, pourquoi devrait-il avoir peur ?»

 « Si une personne perd sa dignité, comment peut-elle vivre ? J’ai perdu mes filles et ma mère. Je vis sans enfants, ni mère, sans rien, mais j’ai la dignité. J’ai l’amour pour Ahl al-Beit(p) comme voie à suivre.

Peut-être qu'avant c'était seulement ma langue qui disait de telles choses mais maintenant c'est mon cœur qui les dit et les fait.

J'ai offert ce qui est le plus cher pour moi. Il n'y a rien de plus cher que son enfant. Lorsqu'une personne veut se plaindre de quelque chose, à qui s’adresse-t-elle ? Elle ne se plaint pas à sa mère, ou à sa fille ? Moi, ma mère et mes filles sont parties.

Je me dis « ô maman ». Puis je réalise qu’elle n'est plus à mes côtés. Mais je sais qu'elle me voit là où elle se trouve. Mes trois filles, je sais que leurs yeux sont sur moi. Elles sentent pour moi et je sais que nous allons nous retrouver.

« J’avais trois des plus beaux papillons

et ma mère était la plus belle des fleurs »

(Manar 29-12-23)

J’avais peur pour mes filles. J’avais peur qu’elles s’égarent de leur voie. Il y a beaucoup de choses extérieures qui influencent les gens. Et j’avais peur pour elles. Est-ce possible qu’un jour, mes filles soient influencées sur la question du voile ? du suivi de la religion ? de la prière ? Est-ce possible qu’elles ne seront pas des habitants du Paradis ? Je voyais des gens croyants qui perdaient leurs enfants, qui ne savaient pas les éduquer. Maintenant, je suis rassurée. Mes filles sont parties avant moi et elles sont présentes.

Maintenant c’est mon tour d’être comme mes filles. Elles m’ont devancée et je vais les rejoindre.

Que Dieu soit Loué ! Je Le remercie ! Chaque fois que je dis ‘al-hamdu li-llah, je remercie Dieu de pouvoir dire ‘al-hamdu li-llah’. »

Interview donnée à la télévision al-Manar, 13/11/2023

(1)en allusion à l’histoire du Prophète Ibrâhîm(p) jeté dans le feu par Nemrod et au verset {Nous dîmes : Ô feu, sois fraîcheur et paix sur Ibrâhîm}(69/21 al-Anbiyâ’).

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