La raison prisonnière

« Combien de raisons prisonnières,

sous des passions souveraines ! »

 du Prince des croyants^(p),  Nahj al-Balâgha, Qisâr al-hikam 212 (ou 211) p696

وَكَمْ مِنْ عَقْلٍ أَسيِرٍ تَحْتَ هَوَى أَمِيرٍ

Wa kam min ‘aqlinn asîrinn tahta hawâ amîrinn

uasîr : nom dérivé du verbe (asara) : faire prisonnier, enfermer, capturer = celui qui est enfermé, sous la domination ou lié par des contraintes apparentes ou par des engagements coutumiers, prisonnier, captif.

utahta : particule de circonstance indiquant le lieu à l’opposé du dessus = dessous, sous, en-dessous.

uhawâ : nom d’action de (hawâ) tomber de haut en bas, pencher vers le bas = le fait de pencher vers le bas avec l’attachement étendu vers le bas, et à propos de l’âme, penchant (vers les inclinations, les ordres matériels, vers le bas), passions.

uamîr : nom dérivé de (amara) : ordonner, commander, donner un ordre = chef, émir, prince, souverain.

Beaucoup de raisons sont soumises aux passions, viles devant elles et prisonnières chez elles. Tu vois les passions régner comme des princes, commandant, détenant l’ordre et l’interdiction, alors que cela est contraire à la raison, à la religion, à la conscience... Cela est un avertissement de l’Imam^(p) pour que la raison de l’être humain soit souveraine et qu’elle place les passions sous sa domination, sous son pouvoir.

 (d’après SharhNahj al-Balâgha de s. ‘Abbas ‘Alî al-Moussawî, vol.5 p374)

Cette phrase aborde la question de la domination des passions et des instincts pour beaucoup de gens, au point de rendre leur raison prisonnière de ces instincts/passions. L’être humain ne profite pas de sa raison tant qu’il la laisse dominée par les passions. Or Dieu (qu’Il soit Exalté) a pourvu l’être humain de deux forces : celle de la raison (qui se manifeste avec degrés selon les gens) au moyen de laquelle l’homme peut distinguer le bien du mal et le chemin à suivre ; celle des divers instincts/désirs de l’âme (qui se manifeste avec degrés selon les gens) nécessaire à l’homme pour rester en vie et se reproduire, matériellement (au niveau des besoins du corps) et psychologiquement (au niveau de l’âme). Le problème vient quand cette 2^nde force prend le dessus, met sous sa coupe la raison qui n’est alors plus utilisée à bon escient. (Cf. 23/45 al-Jâthiya). La pire des situations est quand ce sont les dirigeants et les responsables [d’une société] qui sont sous l’influence des passions et que leurs raisons/intelligences sont prisonnières des contraintes de leurs passions/instincts. La société en question ne peut que dégénérer.

(d’après Nafahât al-wilâyat, Sharh‘asrî  jâmi‘ li-Nahj al-Balâgha de sh. Makârem Shîrâzî, vol.13 pp455-457)

www.lumieres-spirituelles.net     No132 – Rajab-Sha‘bân 1446 – Janvier-Février 2025