L’avarice (al-bukhl)(13)

5-Son traitement(2)

Voici l’étude d’une autre maladie du cœur liée à l’amour (blâmable) pour les biens/argent : l’avarice(al-bukhl). Après avoir vu sa définition, ses marques/signes, ses effets et ses origines, nous sommes en train de voir le traitement de cette grave maladie.

Comme nous l’avons vu, pour se débarrasser de n’importe quelle maladie du cœur, de n’importe quel vice, l’être humain a besoin d’une lutte au niveau du savoir et d’une lutte au niveau des actes.

Donc, en premier il y a la lutte au niveau du savoir. Nous avons vu la dernière fois le 1^er point : Développer la connaissance de Dieu. Nous allons voir cette fois-ci le second point, celui de développer la connaissance des méfaits de l’avarice (al-bukhl).

A/La lutte au niveau savoir(suite)

2)Développer la connaissance des méfaits de l’avarice(al-bukhl)

wA partir de la réflexion sur les versets coraniques(comme ceux vus précédemment, le v. 38 de la s. Muhammad (47) et autres (cf. L.S. No123)).

Les v. 9 de la s. al-Hashr (59) et 16 de la s. at-Taghâbûn (64) parlent de l’importance de se prémunir contre l’avarice avide (ash-shuhh)⁽¹⁾ de son âme (cf. L.S. No125) : {Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice avide(ash-shuhh), ceux-là sont ceux qui réussissent (al-muflihûna).}^{(9/59 al-Hashr ou 16/64 at-Taghâbun)(2)}

 « Après avoir ordonné de dépenser pour les autres, la dépense pour les autres étant présentée comme un bien pour ceux qui dépensent (cf. le début du v.16/64 at-Taghâbûn), Dieu appelle à se prémunir contre l’avarice avide (ash-shuhh) de son âme. Le mot (al-muflihûna) [al-falah] est utilisé pour toutes les formes de félicité, de réussite, de victoire, d’atteinte des objectifs dans le mouvement de la vie, matériellement et moralement. (…)

Il est dit, à propos de l’Imam as-Sâdeq^(p), qu’il^(p) faisait le tawaf autour de la Maison de Dieu (al-Ka‘bah) de la nuit au matin, en demandant à Dieu de le protéger contre l’avarice avide de son âme.

Il est rapporté de Fadl Abû Qurat : « Durant le Hajj, j’ai vu Abû Abdallah^(p) faire le tawafautour de la Ka‘bah du début de la nuit jusqu’au matin en disant : « Mon Dieu ! Protège-moi de l’avarice avide (shuhh) de mon âme ! » Je lui dis : « Que je sois en rançon pour toi, je ne t’ai pas entendu invoquer une autre prière que celle-là ? »

Il^(p) répondit : « Qu’y a-t-il de pire que l’avarice avide de l’âme ? Dieu dit : {Celui qui se protège contre l’avarice avide (shuhh)de son âme, ceux-là sont qui réussissent.} » »⁽³⁾ 

Ainsi l’avarice est au nombre des obstacles importants qui empêchent la réussite/félicité au point que l’Imam as-Sâdeq^(p) invoquait Dieu (qu’Il soit Exalté) durant ses tawafs (circumambulations) autour de la Ka‘bah, de la nuit au matin ! Ce qui veut dire que c’était l’un de ses plus importants besoins dans sa ligne de la foi, de l’obéissance et de l’éducation de l’âme.

Et l’expression dans ce même verset (16/64 at-Taghâbûn) (khayrann li-anfusi-kum), {mieux pour vous-mêmesou pour vos âmes}, après l’ordre de dépenser, de donner aux autres, montre que la générosité et la dépense dans la voie de Dieu sont au nombre des données positives pour l’être humain lui-même [pour celui qui donne, pas uniquement pour celui qui reçoit] en tant qu’elles éduquent l’esprit humain, épurent son cœur des ténèbres de l’avidité et des contraintes (ou chaînes) de l’avarice. Il s’en suit beaucoup de bénédictions matérielles et morales dans la vie individuelle et sociale de l’être humain. »

Et sh. Makârem ash-Shîrâzî clôt l’étude de ce verset en rappelant la définition donnée par l’Imam as-Sâdeq^(p) de l’avare avide (ash-shahîh)⁽⁴⁾.                

Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 pp350-352

wA partir de la réflexion sur les méfaits de l’avarice (al-bukhl) de façon générale.

Par exemple, « réfléchir sur le fait que les gens détestent les gens avares et les repoussent, qu’ils ne se comportent pas avec eux avec sympathie ou respect, comme ils le font avec les gens généreux.

Ainsi, un des moyens de s’éloigner de ce vice détestable est de réfléchir sur les effets et les suites négatifs de l’avarice et de l’avarice avide, en ce monde et dans l’Au-delà [cf. la 3^e partie de l’étude de cette maladie - les effets de l’avarice (cf. les No123,124 & 125 de L.S.)].

Il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq^(p) :

« Celui qui s’est affranchi de l’avarice a acquis la dignité. »⁽⁵⁾

En réfléchissant sur toutes ces choses, une personne peut en finir avec l’avarice. »

Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 p364

Il est rapporté du Messager de Dieu^(s) :

« C’est qu’il y a pour Dieu des serviteurs qu’Il spécifie par des bienfaits pour les bénéfices des serviteurs. Celui qui est avare de ces bénéfices des serviteurs, Dieu les lui retire et les transfère à autres que lui. »⁽⁶⁾

(1)(ash-shuhh) : la forte avarice ancrée dans le cœur. De ses corollaires, le fait qu’elle soit excessive, avec avidité, selon At-Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm de sayyed Hassan al-Mustafawî. Cf. L.S. No 120 pour la définition de l’avarice et des différents mots employés.

(2)9/59 al-Hashr ou 16/64 at-Taghâbun     وَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ

(3)Haliyyah al-abrâri fî ahwâli Muhammed wa âlihi al-at’hâr de s. Hâshem al-Bahrânî, vol.2 p172 citant at-Tafsîr d’al-Qommî, vol.2 p372 – 9/59 al-Hashr ou 16/64 at-Taghâbun – cf. L’Imam Ja‘far as-Sâdeq^(p), la diffusion de la législation et du mode de vie de l’Islam, Ed. B.A.A. pp214-215.

(4)cf. L.S. No120 – Il est rapporté d’al-Fadîl bn ‘Iyâd qui demanda à l’Imam as-Sâdeq^(p) le sens de (ash-shahîh). Il^(p) lui répondit : « L’avare (al-bakhîl) ». Puis il^(p) ajouta : « (ash-shuhh) est plus fort qu’(al-bukhl) en tant que l’avare (al-bakhîl) est avare avec ce qu’il a entre ses mains, alors que l’avare avide (ash-shahîh) ne peut pas voir quelque chose entre les mains des gens sans le désirer pour lui-même (sans qu’il ne soit pour lui), de façon licite ou illicite, et il ne s’en rassasie pas et il ne se contente pas de ce que Dieu Tout-Puissant lui a octroyé. » Nûr ath-Thaqalayn, vol.5 p291 ; Usûl al-Kâfî, vol.4, p45.

(5)Bihâr, vol.78 p346 H4.

(6)cité par Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 p61 ; Jâmi‘u as-sa‘âdât de sh. Narâqî, vol.2 p345.

www.lumieres-spirituelles.net     No134 – Dhû al-Qa‘deh-Dhû al-Hijjah 1446 – Mai-Juin 2025