2-L’éducation des principales forces (5)

A partir du numéro 120 de la revue, nous avons commencé à publier les fondements et les principes de l’éducation islamique de nos enfants, valables aussi bien au niveau de la famille que celui des écoles. Pour cela, nous avons choisi de traduire les principaux passages du livre « L’éducation des enfants »⁽¹⁾ de s. ‘Abbas Noureddine⁽²⁾. La 2^ème section aborde la question de l’éducation des principales forces de l’être humain. L’éducation de la première force abordée est celle de la « fitra » (la nature fondamentale de tout être humain)⁽³⁾. Nous avons vu, les dernières fois, ce qu’est la fitra et l’importance de donner aux enfants des histoires et des biographies de ces personnes [comme les Prophètes, les Messagers et leurs Légataires] qui ont atteint les plus hauts degrés de la perfection durant leur vie sur terre. Nous sommes en train de voir, en deuxième partie, comment affronter les obstacles à l’épanouissement de la fitra, et en premier lieu, connaître cette force de l’illusion (al-wahm) et comment elle apparaît.

A-Education de la « fitra » (5)

II/1) Et qu’en est-il de cette force de l’illusion (al-wahm) ? (Fin)

Nous avons vu la dernière fois que la nature fondamentale de l’être humain (la fitra) est liée à toute chose humaine, morale et spirituelle. Elle s’accroche à ces choses qui sont au-dessus du monde de la matière, du corps et les demande.

Mais nos enfants, à notre époque, sont exposés à d’innombrables tentations dont ils peuvent rapidement et facilement expérimenter les plaisirs, avec leurs sens et leurs organes (ou membres) !

Et le plus dangereux de tout cela, est l’ouverture des portes de l’imagination sensible (des sens matériels), de façon effrayante !

ºAinsi, avec tout plaisir corporel, il y a là mille images imaginaires qui l’accompagnent, que ce soit au niveau de la nourriture (du manger et du boire), des activités corporelles ou sexuelles.

Et cela est ce qui peut être considéré comme le plus grand défi pour la fitra.

ŸAujourd’hui, les plaisirs sensibles (sensoriels) imaginaires concurrencent avec les plaisirs de la fitra comme deux chevaux de course :

-le premier soutenu par d’innombrables images qui abondent par l’intermédiaire des mass-médias, de l’école, de la société, des publicités, des habitudes, des conventions et des coutumes ;

-le second qui souffre de manques aigus dans le milieu, au niveau de l’expérience, des possibilités et des soutiens. C’est pourquoi les plaisirs élevés de la fitra, même s’ils se réalisent à certains degrés, affrontent ces illusions provenant de la supériorité des plaisirs imaginaires à leurs propos.

ŸNous avons rappelé que l’être humain est poussé (attiré) vers le plaisir le plus grand et quand il s’imagine que telle expérience sensible va lui procurer un plaisir plus grand que ce que lui a réalisé cette expérience morale spirituelle, il va alors abandonner cette expérience morale et s’en éloigner.

ŸLe problème de notre époque réside dans cette illusion qui se forme à partir de ces facteurs. [Par exemple], nous nous imaginons qu’en allant dans tel restaurant, il y a un plaisir plus grand que de lire un livre ; ou que dans tel jeu électronique, il y a un plaisir plus grand que d’invoquer [Dieu] ; ou encore, que dans le fait d’aller dans des lieux de danse nocturnes (les ‘boîtes de nuit’), il y a un plaisir plus grand que dans la prière.

Et quand nous mangeons dans tel restaurant, ou que nous jouons tel jeu ou que nous dansons et que nous ne trouvons pas le plaisir que nous nous étions imaginé, nous sommes dépités, dérangés. Mais rapidement, les torrents des illusions se déversent sur nous en promesses d’autres plaisirs comme un autre restaurant, un plat différent ou un jeu avec de plus grands défis, ou encore un ajout de boisson ou de pilules avec la danse pour le plaisir. Et à chaque fois que nous découvrons la modicité de ce que nous avons essayé, viennent d’autres promesses.

ŸC’est que le milieu matérialiste contemporain a pu créer des illusions (awhâm) de plaisirs matériels innombrables. Si l’être humain passe toute sa vie à essayer ces plaisirs corporels qui lui sont exposés et fournis en abondance, il achèvera sa vie et il n’aura pas fini de les dénombrer.

ºC’est le plus grand défi pour la fitra et l’éducation de la fitra à notre époque.

Et si nous n’arrivons pas à y faire face et à y mettre un terme, il sera alors difficile, voire impossible que la fitra reste présente, active dans la conduite des potentialités du genre humain avec l’élévation et la réelle perfection.

Alors que faut-il faire en vue de la réussite et de la victoire dans cette bataille contemporaine ?

L’éducation se préoccupe de façon fondamentale, du mouvement de l’être humain vers la perfection, et le penchant naturel (fitrî) est le fondement de tout mouvement.

Aussi l’éducation consistera-t-elle à agir en vue de répondre, de façon positive, aux appels de la fitra.

Que faire pour empêcher la domination de l’illusion (al-wahm) sur la fitra et ses aspirations ?

C’est ce que nous allons voir à partir de la prochaine fois.

(pp76-78)

(1)Tarbiyyat al-Awlâd – min al-mabâdî’ wa-l-usûl ilâ at-tatbîq wa al-‘amal de s. Abbas Noureddine aux Ed. Bayt Alkâtib.

(2)cf. L.S. No93, l’entretien effectué avec lui sur ce sujet de l’éducation des enfants.

(3)Nous renvoyons le lecteur à un autre livre que l’auteur a publié, « Rûh at-tarbiyyah » aux Ed. B.A.A., où une étude détaillée et approfondie de la fitra est donnée.

www.lumieres-spirituelles.net     No135 – Muharram-Safar 1447 – Juillet-Août 2025