L’avarice (al-bukhl)(15)

5-Son traitement(4)

Voici l’étude d’une autre maladie du cœur liée à l’amour (blâmable) pour les biens/argent : l’avarice(al-bukhl). Après avoir vu sa définition, ses marques/signes, ses effets et ses origines, nous allons terminer de voir le traitement de cette grave maladie. Après avoir vu la lutte au niveau du savoir, voici celle au niveau des actes.

B/La lutte au niveau des actes

1)Couper les causes de l’avarice(al-bukhl)

wDans le cas de l’avarice causée par le long espoir ((tûl al-amal) penser avoir du temps).

Si l’être humain sait qu’il va mourir dans un jour, il ne serait pas avare.

Si l’être humain saisissait le caractère éphémère de la vie en ce monde, qu’il peut mourir le lendemain ou dans trois jours pour x raison, qu’il n’est que de passage, et que, quand il partira, il n’emportera rien de ses biens avec lui, alors il ne serait pas avare.

Ainsi, on peut soigner le long espoir en se rappelant beaucoup la mort, en regardant la mort des proches, voir combien ils se sont fatigués pour amasser tout cet argent durant leur vie pour ne rien emporter avec eux au moment de la mort.⁽¹⁾

wDans le cas de l’avarice causée par l’amour pour les biens/argent même (hubb al-mâl).

« On peut voir des vieux sans descendance qui ont beaucoup, beaucoup d’argent et qui ne veulent pas payer le khoms, la zakât (etc..) ou même des médicaments pour se soigner !

Certes, à ce stade, il est difficile de se soigner. Ils sont entrés dans le maximum de l’égarement et de la perdition. C’est le maximum. »⁽²⁾

« C’est pourquoi, il faut absolument se soigner avant d’arriver à ce stade (la phase finale, comme on dirait à l’heure actuelle), parce que, plus l’on tarde en âge, plus il est difficile de traiter et de soigner cette maladie du cœur. »⁽³⁾

]« Pour cela [se soigner de la maladie de l’avarice], faire le contraire de ce que veut l’âme (qui est, ici, de garder pour soi tous ces biens/argent) et dépenser de ses biens/argent selon ce qui est demandé (notamment en référence à la législation). (…)

Se mettre à dépenser, à distribuer les biens/argent. Le faire jusqu’à ce que cela devienne une faculté (malakat). Chaque fois que la personne a envie de garder pour elle un bien, de l’argent, elle doit abandonner cette idée et se mettre à le dépenser pour les autres, à le donner. En même temps, elle cherche la protection de Dieu contre le shaytân chassé parce que ce dernier la menace de la pauvreté et lui insinue toutes sortes de mauvaises pensées. »⁽⁴⁾                                                   

]« L’avarice ne disparaît que par le fait de dépenser de ses biens/argent (pour les autres), même si cette action est effectuée à contrecœur [au début]. (…) Celui qui veut se soigner de l’avarice, doit se séparer [d’une partie] de ses biens/argent, même si c’est à contrecœur qu’il les dépense – les jeter dans la mer pourrait même lui être prioritaire (ou préférable) au lieu de les garder pour lui-même, quoique cela soit interdit du point de vue de la législation islamique. »⁽⁵⁾                                                      

 « L’avare doit combattre son âme, la blâmer, la forcer à dépenser de ses biens/argent, même à contrecœur. »⁽⁶⁾                                                                 

]« Une personne peut faire une diversion en orientant son cœur vers un autre objet d’amour – mais il ne s’agit pas de le détourner vers un autre vice ! La règle est de remplacer le plus fort par le plus faible, puis de chercher à supprimer le plus faible. »⁽⁵⁾

Ce qui implique une connaissance précise de soi-même et des maladies du cœur et une sévère auto-observation.

« La personne qui est fortement attachée aux biens/argent au point de ne pas être disposée à en donner ou à en dépenser quoi que ce soit, doit couper cette forte relation en orientant l’âme et en l’occupant (affectivement) à autre chose, en plus de la réflexion sur les suites néfastes et douloureuses de cette maladie du cœur [en ce monde et dans l’Au-delà]. »⁽⁷⁾                                                                 

2)Atteindre la générosité (devenir généreux)

« Cette vertu, comme toute autre vertu, peut être atteinte par l’âme de l’être humain par l’enseignement, l’éducation, la réflexion et la pratique.

÷La personne fait attention au fait que ces biens et ces richesses sont des dépôts divins entre ses mains et qu’ils ne sont pas éternels. Ce savoir la pousse à les dépenser et à les donner à qui de droit. Elle considère cela comme une caisse sûre de dépôt qui les [ces biens] sauvegarde pour les jours de besoin et de manque. En même temps, elle en espère des effets et des bénédictions dans sa vie.

÷Elle prend connaissance et conscience de la vie des hommes généreux, de leur devenir et de leur sort, comment ils étaient considérés par les autres et les compare à ceux des avares. D’un côté, [l’amour,] la considération, le respect, de l’autre, [la détestation,] l’abaissement, la mauvaise réputation.

÷Du point de vue pratique, chaque fois qu’elle répète son acte de générosité, elle en prend l’habitude, de sorte que cela devient une habitude, voire une aptitude réelle (malakat) dans son âme et qu’elle dépense et donne aux autres, avec plaisir, [sans que cela ne lui coûte, de façon naturelle].

÷De là, l’importance du rôle des parents et des professeurs dans l’éducation des enfants afin de les encourager et de les habituer à la générosité, de sorte que ses racines se développent en leur for intérieur.

Il est rapporté du Messager de Dieu^(s) :

« Le Paradis est la demeure des généreux. »⁽⁸⁾

De lui^(s) également :

« La nourriture du généreux est un médicament et celle de l’avare est un mal. »⁽⁹⁾

Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 pp376-377

Il reste un dernier point : alors que faire ?

Il faut apprendre à l’âme à dépenser de façon juste.

Divers points doivent être mis au clair pour comprendre la philosophie de l’Islam par rapport aux biens/argent au niveau individuel et au niveau de la société.

Ce sera la conclusion de cette étude sur les biens/argent et le rapport des hommes avec eux.

Elle sera abordée dans le prochain numéro de la revue.

 (1)Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 p86 ; Jâmi‘u as-sa‘âdât de sh. Narâqî, vol.2 p350 ; Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 p363.

(2)Jâmi‘u as-sa‘âdât de sh. Narâqî, vol.2 p350.

(3)Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 pp86-87. 

(4)Jâmi‘u as-sa‘âdât de sh. Narâqî, vol.2 p349.

(5)Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 pp88. 

(6)Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 p363.

(7)Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 p362.

(8)Bihâr, vol.68 p356 H18, cité par Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 pp88. 

(9)Bihâr, vol.59 p201, Al-Mahajjah al-Baydâ’ d’al-Fayd al-Kâshânî vol.6 pp88. 

www.lumieres-spirituelles.net     No136 – Rabî‘ I & II 1447 – Septembre - Octobre 2025