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2025-08-21 | Readers 0 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Cris du cœur « Munâjât » de 'Abd Allâh Ansârî


Cris du cœur — « Munâjât »

de Khawâdjâ 'Abd Allâh Ansârî(1)

Traduction du persan, présentation et annotation de

de Serge de Laugier de Beaurecueil(2)

Ed. du Cerf 2010 (bilingue persan/français)

 

Voici la traduction des Munâjât (« entretiens intimes » ou « confidences », « prières ») de ‘Abdallah al-Ansârî, que le père (ou frère) Serge de Beaurecueil a appelés « Cris du cœur », correspondant mieux à ces élévations ardentes, à ces épanchements du cœur qui viennent nourrir la méditation et la prière de tous les croyants recherchant Dieu (qu’Il soit Glorifié).

Les Éditions du Cerf ont repris scrupuleusement, comme le souligne l’éditeur lui-même, la traduction de Beaurecueil publiée chez Sindbad en 1988, en ajoutant une préface de Mohammad Ali Amir-Moezzi qui met l’accent sur l’importance de la langue persane, sa sacralité et sa capacité d’exprimer « les subtilités et les profondeurs des expériences et sentiments proprement religieux ». Il évoque aussi, sans forcer dans les détails, l’apport de quelques grands savants, philosophes ou poètes iraniens tels Fakhr al-Dîn al-Râzî, al-Isfahânî, as-Suhrawardî, Ibn Sînâ, Mustamlî Bukhârî, Hujwîrî, ‘Umar Khayyâm ou encore al-Ghazalî.

 

Vient ensuite le texte de présentation des Munâjât du frère Serge de Beaurecueil qui est divisé en quatre parties, la première présentant un aperçu biographique d’al-Ansârî(1).

Dans la deuxième partie, Serge de Beaurecueil expose les raisons du choix de traduire les munâjât par « Cris du cœur » et les problèmes d’authenticité que posent les divers recueils de munâjât. Puis, il explique pourquoi il a délibérément choisi de se limiter aux munâjât qui sont adressées directement à Dieu contenues dans Tabaqāt al-Sûfiyya, un ouvrage dicté par al-Ansârî à ses disciples vers la fin de sa vie, et le Kashf al-asrār de Rashîd ad-Dîn Maybudî.

 Dans les deux dernières parties de sa présentation, le Père de Beaurecueil choisit de parler distinctement des « images » et des « pensées » contenues dans le texte des munâjât qui relèvent cependant toutes deux de « l’expérience intérieure ».

 

Viennent ensuite les cent soixante-sept munâjât qui s’ordonnent autour de cette thématique : la recherche de Dieu.

Composés en « saj » (prose scandée par des assonances), ils expriment l’inexprimable en ayant recours à des images très variées, à un langage allégorique, moyen flexible pour exprimer l’indicible, comme si ‘Abdallah al-Ansârî œuvrait à la fois comme un peintre et comme un musicien : par touches successives ou en déployant les harmoniques d’une véritable mélodie.

La recherche de Dieu implique chez le chercheur le questionnement et l’attente. Chaque interrogation est un effort pour atteindre le but. Aussi, dans chaque munâjat, il s’agit d’un « cri du cœur » qui s’efforce de transmettre « une expérience spirituelle inexprimable » de celui qui est en quête de Dieu dans l’espoir de Le trouver. Al-Ansârî invite à cette quête, tout en indiquant les paradoxes de cette quête, les chemins de la découverte et ce qui porte le pèlerin : l’amour et le rappel de Dieu.

 

Voici un très beau livre qui réjouira plus d’un assoiffé de spiritualité et de sincérité vers Dieu.

Le frère Beaurecueil a ainsi mis à la portée d’un large public cultivé, les richesses spirituelles des écrits d’al-Ansârî et la connaissance de tels ouvrages ne peut être que bénéfique pour tous ceux qui recherchent la Vérité !

 

(1)L’auteur Khawâdjâ 'Abd Allâh Ansârî (1006-1089) est né et mort à Hérat dans le Khurasan, à l'ouest de l'actuel Afghanistan, à la frontière iranienne. Enfant très précoce, puis travailleur acharné, il a consacré sa vie à l'enseignement et à la polémique contre les « Innovateurs », théologiens et philosophes, ce qui lui valut de rencontrer bien des épreuves. Il fut un guide spirituel éclairé et chaleureux et a de précieux ouvrages qui sont étudiés dans les écoles gnostiques non seulement soufistes mais aussi shi‘ites.

(2)Serge de Beaurecueil (1917-2005) était un père dominicain qui vécut pendant 20 ans à Kaboul et qui a consacré de nombreuses études érudites au grand mystique afghan Abdallah Ansârî (1006-1089). Il a traduit par ailleurs trois traités de lui (Les Cent Terrains, Les Etapes des itinérants vers Dieu, Les Déficiences des demeures.) qui ont été publiés ensemble sous le titre « Chemin de Dieu : Trois traités Spirituels » aux Ed. Sindbad (4 juin 1999).

www.lumieres-spirituelles.net     No136 – Rabî‘ I & II 1447 – Septembre Octobre 2025

Citations* de « Cris du cœur – Munâjât »

†« Il procède à la fois comme un peintre et comme un musicien : par touches successives et par déroulement de la mélodie. »

†« Dieu est le Présent par excellence. Il est déjà là, « trouvé », « connu » en Lui-même, bien avant qu’on Le cherche, plus proche que tout au monde. Ou bien on Le possède, alors à quoi bon Le chercher ? Ou bien on ne Le possède pas, alors d’où pourrait-on L’apporter ? »

†« Le chercheur ressemble à l’aveugle, qui poursuit la lumière dont il est entouré, ou au fou qui réclame un flambeau afin d’apercevoir le jour... On ne peut Le connaître que grâce à Sa lumière ; on ne peut Le chercher que grâce à Son pouvoir... C’est mentir que de prétendre exprimer la réalité de Sa découverte. »(p.47-48)

†« 4 Comment aurais-je su que la souffrance est mère de la joie, et que sous une déception se cachent mille trésors ?

5 Comment aurais-je su que le désir annonce la rencontre, et que sous la nuée de la Munifi­cence, tout désespoir est impossible ?

6 Comment aurais-je su que cet Ami est indul­gent, au point que sont incalculables Sa grâce et Sa miséricorde pour le pécheur ?

7 Comment aurais-je su que ce Dieu glorieux gâte à ce point Son serviteur, et que pour Ses amis Il a tant de tendresse ?

8 Comment aurais-je su que ce que je cher­chais était au sein de mon esprit, et que l’hon­neur de Ta rencontre était pour moi un don gra­tuit ? »(de la Munâjât 28)

†« [Mon Dieu !]

Heureux le jour où ton soleil de gloire dardera sur nous son regard !

Heureux le temps où un amant nous contera ce qu’il a vu de ta beauté !

Nous donnerons notre âme en pâture au faucon, pour qu’il s’envole au ciel de ta recherche.

[Le sang de] notre cœur, nous le répandrons sur les pas d’un amant, pour qu’il t’appelle dans ta ruelle. »(de la Munâjât 70)

†« Mon Dieu !

Tu es dans les soupirs des hommes généreux, et présent dans les cœurs de ceux qui se souviennent.

On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela ; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’âme !

Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi.

À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela.

À l’âme il faut la vie, et cette vie c’est toi. » (de la Munâjât 108)

†« J’ai sombré dans un océan sans rivage ;

en mon âme est une douleur sans remède.

Mon regard s’est posé sur quelque chose,

qu’aucune langue ne peut décrire. »

 

*Nous rappelons que les citations sont des reproductions telles quelles de passages du livre, sans correction de notre part.

 

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