Richesse et pauvreté

« La richesse à l’étranger est une patrie  

et la pauvreté dans la patrie est un exil. »

 du Prince des croyants^(p),  Nahj al-Balâgha, Qisâr al-hikam 56 p662

الْغِنَى فِي الْغُرْبَةِ وَطَنٌ وَالْفَقْرُ فِي الْوَطَنِ غُرْبَةٌ

Al-ghinâ fî-l-ghurbati watanunn wa-l-faqru fî-l-watani ghurbatunn

ual-ghinâ : nom d’action du verbe (ghaniya) : ne pas avoir de manque, de besoin = le fait d’être suffisant, se passer de, s’enrichir, la richesse, la suffisance.

ual-faqr : nom d’action du verbe (faqura), le contraire de (ghaniya), de la richesse et de la suffisance : le fait d’être pauvre, indigent, la pauvreté, l’indigence.

ual-ghurbat : nom dérivé du verbe (gharaba) : disparaître, partir, s’éloigner = l’éloignement de sa patrie, l’exil.

ual-watan : nom dérivé du verbe (watana) : prendre un endroit pour s’y installer = patrie, lieu où l’on est à demeure fixe.

Le mot(al-watan) désigne le lieu où est né l’être humain, où se trouvent sa famille, ses proches, etc., le pays, la patrie. Ce lieu peut se transformer en un pays étranger quand une personne est pauvre, sans proches ni amis, sans abri même.. Alors que quand une personne est riche, elle a beaucoup d’amis et vit respectée. Elle se sent alors comme chez elle, comme dans son pays et non pas en terre étrangère.

(d’après SharhNahj al-Balâgha de s. ‘Abbas ‘Alî al-Moussawî, vol.5 p247)

Quant au mot(al-ghurbat), il indique le lieu où l’être humain ne connait personne, n’a pas d’ami, où il ne trouve personne sur qui compter durant les moments difficiles. L’Imam^(p) indique, par-là, que la personne riche vit entourée de gens, d’amis, dans n’importe quel endroit, à cause de ses biens, de ses richesses. Les gens tournent autour d’elle à cause de ses dons et de ses possibilités alors que le pauvre vit isolé, n’a pas d’ami ni de proche se préoccupant de lui parce qu’il est pauvre, dans le besoin.

En fait, ce propos encourage les croyants à se suffire à eux-mêmes, à ne pas avoir besoin des autres, en même temps qu’à attirer les gens à eux en venant au secours des indigents à partir de ce qu’ils ont. L’Imam^(p) met en garde contre les suites de la pauvreté, du besoin, sources d’humiliation et d’avilissement, qui peuvent mener jusqu’à l’incroyance. Si certains propos rapportés louent la pauvreté, c’est dans le sens soit de se contenter d’une vie simple soit dans celui gnostique du besoin de Dieu. {Ô vous les gens, vous êtes les pauvres vers Dieu et Dieu, Lui, est le Riche, Digne de Louanges.}^{(15/35 Fâtir)}

 (d’après Nafahât al-wilâyat, Sharh‘asrî  jâmi‘ li-Nahj al-Balâgha de sh. Makârem Shîrâzî, vol.12 pp277-278)

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