1. La Prière
  2. L’invocation
  3. Le Coran
  4. L’Imam al-Mahdî(qa)
  5. Connaître Dieu
  6. La Voie de l’Éloquence
  7. Spiritualité des Infaillibles(p)
  8. L’Au-delà
  9. Méditer sur l’Actualité
  10. Le Bon Geste
  11. Des états spirituels
  12. La Bonne Action
  13. Exemples des grands savants
  14. Les Lieux Saints
  15. Notre Santé morale
  16. Notre Santé physique
  17. Notre Nourriture
  18. Expces Spirituelles des autres
  19. Le Courrier du lecteur
  20. Le Livre du Mois
  21. La Femme dans l'Islam
  22. Entretiens
  23. Éditorial
  24. Divers
  25. Éduquer nos enfants
2025-12-19 | Readers 3 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Un sanctuaire pour Abû al-Fadl al-‘Abbâs(p) en Albanie (2)


Un sanctuairepour Abû al-Fadl al-‘Abbâs(p)

en Albanie(2)

Voici le témoignage d’un visiteur du sanctuaire d’Abû al-Fadl al-‘Abbâs en Albanie (dont nous avions parlé dans le numéro 48 de la revue), lors de son voyage effectué fin 2023.

—Pour arriver au sanctuaire situé au sommet du mont Tomorr, mont s’élevant à 2416 m

d’altitude, situé au sud-est de la ville de Berat, il faut d’abord prendre une route dans une région devenue ‘Parc National du Mont Tomorr’ depuis plus de 20 ans. Le sanctuaire est situé au sommet de la montagne blanche, que l’on peut voir derrière la camionnette, sous le petit nuage. La route est très belle et plus on s’approche du sommet, mieux on peut voir le maqam Abbâs ‘Ali comme ils l’appellent, en haut, au fond.

—Puis apparaissent des petits panneaux annonçant le début de la petite route (une piste en terre mais en très bon état que les gens prennent en voiture) et indiquant le nombre de km encore à parcourir pour atteindre le sanctuaire. Ici 19km ! En chemin, on peut apercevoir des petits tombeaux, probablement de derviches.. La route est toujours aussi belle avec un paysage splendide suscitant l’élévation de l’esprit... s’il n’y avait pas… l’état de saleté des lieux, les visiteurs jetant négligemment leurs ordures par terre, les poubelles jonchant le sol. Quel dommage !

—Nous arrivons ainsi au pied du pic-même. Là se trouve un autre tekié(1), avec des tombeaux de derviches locaux.

Souvent les pèlerins s’arrêtent là pour prier, faire les sacrifices de moutons et manger de leur viande grillée. Tout est aménagé pour cela (zones pour les sacrifices et les grillades, salles de prières.. etc.). Et lors du pèlerinage annuel au mois d’août, c’est là que la plupart des Bektashis(2) se réunissent. Cependant d’autres préfèrent sacrifier le mouton un peu plus loin, au sommet du pic, là où serait enterré un certain Baba Tomorri(3), unefigure légendaire de la région.

—Donc la piste continue encore sur 3 ou 4 km et enfin nous atteignons le sommet du pic (2 416m) avec notre petite camionnette rouge. Une très belle vue sur toute la région. Une vue imprenable ! Epoustouflante ! On s’y sent apaisé, en altitude avec un si beau paysage (subhân- Allah !).

Nous avons dormi là-haut dans la camionnette, comme cela nous pouvions aller au sanctuaire le soir et le matin avant les touristes (locaux).

Le sanctuaire

—Devant le mausolée, une statue en bronze représentant l’Imam ‘Alî(p) à cheval portant ses deux fils, al-Hassan(p) et al-Hussein(p), avec au bas de la statue, une représentation de la tragédie de Karbalâ’. (Cf. photo à droite)

—Puis c’est le mausolée, avec, affiché à l’entrée, un texte explicatif de l’origine de ce mausolée, son histoire : un missionnaire (Haxhie Baba Khorasan) se serait rendu à Karbalâ’, y aurait pris des reliques et de la terre de Karbalâ’ et les aurait apportées en Albanie. Voyant que les Albanais considéraient déjà le mont Tomorr comme un lieu sacré(3), il les aurait enterrées au sommet de ce mont puis y aurait érigé un petit sanctuaire.

Détruit en 1967, par décision du gouvernement communiste albanais d’alors, le sanctuaire fut reconstruit selon une architecture de style bektashi(2). A l’intérieur, fut placé un cénotaphe(4) à la mémoire d’Abû al- Fadl al-‘Abbâs(p).

—Chaque année, du 20 au 25 août, les pèlerins, notamment ceux de la communauté Bektash, s’y réunissent et commémorent le martyre d’Abû al-Fadl al-‘Abbâs le 10ème jour de ‘Ashûrâ’ à Karbalâ’.

Les derviches s’accordent à donner à ce pèlerinage une dimension toujours plus grande. Ils aiment citer un certain Naim Fresheri qui écrivit, à la fin du 19e siècle, selon leurs traditions ou en vue d’unifier les peuples du pays et de leur donner espoir : « ‘Abbâs ‘Alî du Tomorrit s’est approché de nous, l’Albanie ne reste pas pauvre car Dieu l’a voulu. »

—Mais au niveau du ressenti, cela n’a rien à voir avec les ziyârâts faites en Irak.

Ici, les pèlerins allument des bougies à l’extérieur pour l’exaucement de leurs voeux, récitent quelques invocations dans le sanctuaire et font un sacrifice. Certains même font le sacrifice de l’animal sur les marches de l’escalier qui mènent au sanctuaire (maqam), quasi dans l’enceinte du maqam ! Cela se rapprocherait plus du paganisme !! Personne ne prie en cet endroit, ni à l’intérieur ni à l’extérieur.

Comme je l’ai déjà dit, l’endroit est splendide, avec de beaux paysages et une merveilleuse vue, invitant au recueillement, à l’apaisement et à la spiritualité.

Mais ce qui est curieux c’est que la spiritualité y est très discrète, alors que pendant toute notre ballade, nous avons pu voir des mosquées un peu partout, dans les petits villages, en montagne (ce qui nous avait fait chaud au cœur) ! On n’a pas l’habitude de voir cela dans les pays « européens » !

 

En effet...

Avec les différents régimes qui se sont succédés et les guerres, il semblerait que les Musulmans albanais, de façon générale, ont opté pour la discrétion, l’effacement apparent de la religion, la dissimulation, par mesure de précautions.

Seul, le wahhabisme a pignon sur rue et connaît un essor apparent, avec une intervention directe de l’Arabie Saoudite, attirant les jeunes par des aides pécuniaires, une formation religieuse (selon ses orientations) et construisant des mosquées un peu partout, jusque dans les petits villages en montagne…

Ainsi la spiritualité reste très discrète, très cachée. Il faut la chercher pour la trouver.

—Quant à ceux qui se rendent à ce sanctuaire, ce sont surtout les Bektashis qui le fréquentent.

ŸLes Bektashis sont des « alevis » d’origine turque. Ils sont souvent considérés comme une branche shi‘ite pour leur intérêt particulier porté à l’Imam ‘Alî(p). Cependant, ils s’en différencient au niveau de leurs pratiques (ne fréquentant pas les mosquées mais des maisons privées nommées « cemevi »(5), ne faisant pas le pèlerinage à La Mecque (al-hajj), ne jeûnant pas durant le mois de Ramadan...). Ils commémorent le jour de ‘Ashûrâ’ mais dans leurs « cemevis » ou autour de leurs mausolées (de leurs guides spirituels, les « babas »). (Leur siège mondial se trouverait en Albanie depuis 1929.)

ŸIl y a aussi des Soufis et très peu de Shi‘ites... (Nous n’avons rencontré qu’un jeune imam en formation, de 20 ans qui s’appelait Hussein, le seul prénom d’Ahl-ul-Bayt(p) que nous ayons entendu dans la région..). Les points communs de toutes ces branches qui fréquentent ce sanctuaire sont la référence au noble Coran (avec cependant des différences au niveau de l’interprétation (exotérique ou ésotérique) des versets), l’intérêt porté pour l’Imam ‘Alî(p) et ses fils (al- Hassan(p), al-Hussein(p) et aussi al-‘Abbas(p)) et la recherche d’un « guide spirituel ».

ŸEt étrangement, c’est un endroit aussi fréquenté par les Chrétiens albanais qui considèrent également ce lieu comme sacré (sans doute sous l’influence de la tradition locale) et qui le gravissent le 15 août (le jour de l’Assomption), en l’honneur de la vierge Marie(p).

Nour Ali le 23-10-2023

(1)un « tekié » est un mot d’origine turc pour indiquer un bâtiment servant de lieu de culte ou de rassemblement pour les Soufistes (plus particulièrement les derviches) et pour les Bektashis.

(2)A propos des Bektashis, voir p29, dans la colonne du milieu.

(3)Dans le folklore albanais, le mont Tomorr est associé à une figure légendaire « Baba Tomorr » qui aurait, pour origine, de vieilles croyances locales (païennes ?).

(4)C’est-à-dire un tombeau élevé à la mémoire d’un mort mais ne contenant pas son corps.

(5)littéralement une « maison pour se rassembler », servant de lieu de culte pour les alevis de Turquie puis qui s’est généralisé à la diaspora alévie, servant aussi de lieu de rassemblement, de tenue de conseil communautaire.

www.lumieres-spirituelles.net N°138 - Rajab - Sha‘bân 1447H - Janvier - Février 2026


Articles précédents:

1447 (2025-2026)

1446 (2024-2025)

1445 (2023-2024)

1444 (2022-2023)

1443 (2021-2022)

1442 (2020-2021)

1441 (2019-2020)

1440 (2018-2019)

1439 (2017-2018)

1438 (2016-2017)

1437 (2015-2016)

1436 (2014-2015)

1435 (2013-2014)

1434 (2012-2013)

1433 (2011-2012)

1432 (2010-2011)

1431 (2009-2010)

1430 (2008-2009)