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La colère (al-ghadab) – Traitement (5) Extirper le mal (2)
La colère (al-ghadab) – Traitement (5) Extirper le mal (2)
La dernière fois, nous avons vu une première thérapie fondée sur la raison pour extirper la maladie du cœur, la colère. Voici un autre moyen (qui ne concerne que les croyants) qui revient à la relation avec Dieu, en tant que la colère est la clef de tous les maux et qu’elle détruit la relation avec Dieu. Mais la question est plus profonde encore. Croire en Dieu signifie que l’on accueille la Présence de Dieu dans la vie comme Dieu le veut. C’est la relation saine avec Dieu. C’est accepter ce que Dieu fait de Ses créatures. C’est le sens des épreuves. Les réactions viennent de ce que l’âme déteste. Celui qui réagit négativement révèle qu’il a un problème avec Dieu, que la vie en ce monde a plus de valeur à ses yeux que Dieu.
Ainsi, celui qui croit en Dieu suit la règle générale que les épreuves viennent de Dieu. Tout vient de Dieu, selon la fondamentalité de l’Unicité.
Celui qui est vraiment monothéiste, prend ce qu’il lui arrive comme un message de Dieu, positif ou négatif. (La question ici n’est pas quel acte faire dans telle ou telle situation mais le fait de réagir de façon impulsive. Il faut distinguer entre l’acte à faire, la parole à dire ou le pardon à accorder, et cet état de l’âme, cette impulsivité, cette réaction irrationnelle face à une situation ou à un évènement, comme la colère. Cet état de l’âme révèle que l’homme a un problème avec Dieu, qu’il conteste, refuse ce que Dieu lui a préparé.)
Par rapport à une situation que l’âme déteste, il y a deux attitudes :
-ou bien être satisfait de Dieu (donc ne pas se mettre en colère) et réfléchir sur comment agir,
-ou bien se mettre en colère et se révolter, en fait, contre Dieu.
Tout coléreux est en fait en colère contre Dieu ou un associationniste. |
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Cela est la réalité de la colère, qu’elle s’extériorise ou bout à l’intérieur de l’individu. (Bien sûr nous parlons de la colère blâmable, pas celle pour Dieu qui n’entraine pas la sortie de la raison.)
Certains croient qu’ils sont en colère pour Dieu en luttant contre un despote. Mais si après, ils ne peuvent pas travailler, parce que perturbés par ses réactions, cela révèle qu’ils étaient en fait en colère, qu’ils avaient réagi, non pas pour Dieu mais pour leur âme.
Il faut êtrevigilant à son état intérieur. Si après avoir réagi, la force est conservée et la personne peut, par exemple, faire sa prière, alors c’était pour Dieu. Mais si elle sort affaiblie, perturbée, ne pouvant faire la prière pour reprendre notre exemple, si elle bouillonne à l’intérieur… alors ce n’était pas pour Dieu, mais pour son âme ou pour Iblis, le shaytân.
Certains prévoient, envisagent différentes situations pour ne pas être pris par surprise, garder la maîtrise de leurs réactions et ne pas laisser apparaître leur colère. Mais la meilleure des préparations est de se dire que tout vient de Dieu : prendre les choses comme si elles venaient de Dieu quelles qu’elles soient. C’est la préparation la plus grande.
Un jour, avant l’annonce officiel de l’Islam, le Messager de Dieu(s) était prosterné près de la Ka‘bah quand un des associationnistes arriva près de lui et mit son pied sur sa nuque. Le Messager supporta en silence, sans réagir et prolongea sa prosternation.
Vous connaissez l’histoire d’Abû Talha et d’Oum Salim dont l’enfant mourut jeune (cf.LS N°59p16) et leur soumission à la Volonté divine.
L’important est la bonne relation avec Dieu et de tout ramener à Lui pour comprendre ces évènements dans le cadre de l’Unicité.
L’épreuve est là pour rappeler à l’être humain que tout est à Dieu et tout revient à Lui. Alors en premier lieu, il se soumet à la Volonté de Dieu (« Il n’y a de force qu’en Dieu » ; « Nous venons de Dieu et nous retournons à Lui »). Et le second niveau est la satisfaction de Dieu (« al-hamdu-lillah »). Si nous ne réagissons pas ainsi, c’est que nous n’avons pas compris le sens de notre vie. Et nous perdons une occasion de parfaire notre foi à partir de quelque chose que l’âme déteste. {Dieu ne cherche pas à faire perdre la foi des gens.}(143/2 La Vache). Ainsi la question n’est pas de ne rien faire, mais d’agir selon la Volonté de Dieu, avec la raison, sans impulsivité (adressée en fait contre Dieu).
Le croyant lie sa colère à Dieu et sa douleur est d’autant plus grande que la colère signifie l’éloignement de Dieu et le rapprochement du shaytân. C’est pourquoi il doit en finir au plus vite avec cet état. Et si le croyant oublie de se rappeler ces vérités en permanence, il demande à Dieu de ne pas les lui faire oublier.
S. Abbas Noureddine conf. 5/12/2013
www.lumieres-spirituelles.net N°88 - Rabî ' I et II 1439 - Décembre-Janvier 2018
Le Test sur la morale de 1439
Le quotidien français Le Monde a publié, le 30/12/2016 un entretien avec un sociologue et psychothérapeute Stephen Vasey qui organise, depuis vingt-cinq ans, en Suisse et en France des séminaires de formation à la « colère saine ». Voici des extraits de cet entretien. Pouvez-vous lui répondre et lui montrer en quoi il est dans l’erreur ? La meilleure réponse sera publiée dans la revue (avec une petite récompense).
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la colère ?
Stephen Vasey.-Je suis né en Suisse, mais mes parents sont anglais. Les Britanniques manient le sarcasme, pas la colère. Ils n’expriment pas leurs émotions. Il faut être flegmatique, en contrôle. A l’école, j’entendais : « Vasey, on ne peut pas l’énerver. » Mais je somatisais avec des maux de ventre.
Ma première femme m’a montré ce qu’était la colère. Quand on se disputait, elle explosait, puis c’était oublié. Elle était « fluide » avec ses émotions. Moi, pas du tout. Je gardais rancune. Comme psychothérapeute, j’ai compris que la colère pouvait permettre de se remettre d’aplomb. J’ai donc monté la formation « Célèbre ta colère et ta puissance ».
Vous voulez donc réhabiliter la colère ?
C’est une émotion mal-aimée et « mal élevée ». Elle est malsaine, inutile, autodestructrice quand elle est mal vécue. Et quand elle n’est pas exprimée, quand on rumine, une charge émotionnelle demeure qui peut faire des dégâts psychiques et physiques.
La colère est-elle une émotion comme une autre ?
C’est une hygiène. A 80 %, ceux qui s’inscrivent à mes séminaires ne sont pas des colériques, mais des gens qui ne se mettent pas assez en colère. Je leur demande de penser à quelqu’un qui les énerve, et de se sentir libre de faire tout ce qu’ils veulent avec leur voix, avec leur corps. Ils apprennent à rejoindre leur colère, à lâcher cette énergie. Ils se désencombrent. A la fin, ils sont tout vivants, tout légers, ils ont retrouvé une puissance.
Vous différenciez « colère violente » et « colère saine »…
La colère violente, c’est attaquer l’autre : « Pourquoi t’as dit ça ? Tu le fais exprès ? » On se pose en victime face au bourreau. L’autre, attaqué, se défend. Cela peut durer longtemps. Une colère saine, c’est dire ce qu’on ressent avec véhémence. « Je suis blessé par ce qui vient de se passer, je ne supporte pas, j’ai envie de crier ! » On commence par s’occuper de soi, de sa colère, avant de résoudre ce qui fait problème dans la relation.
Ensuite, apaisé, on peut poser une question, une limite. « Ce que tu as fait, je ne peux pas l’accepter. Peux-tu arrêter ? » Quand on est en couple, par exemple, on se tourne vers le mur, on ne regarde plus le conjoint, on s’offre sa colère, et ensuite seulement on fait passer le message.
Comment gère-t-on la colère de l’enfant en public ?
On lui dit : « Tu as le droit d’être frustré, tu as le droit de ressentir ce que tu ressens, mais pas de crier dans le magasin. » Il ne faut surtout pas dire : « Calme-toi », cela énerve puisque le message sous-jacent, c’est : « Tu ne devrais pas ressentir ce que tu ressens. » On suggère à l’enfant d’aller dans sa chambre dire tout ce qu’il veut, taper sur ses coussins. Il faut canaliser, pas refouler. Et, quand on fait face à la colère, il faut se mettre au diapason sans être insultant. Cela montre à celui qui est en colère qu’il y a quelqu’un en face. Cela le sécurise. Et donc cela désamorce.
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