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2020-12-13 | Readers 1412 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Bent al-Hudâ savante, martyre


Bent al-Hudâ

(23.2.1937 – 8 ou 9.4.1980)

A l’occasion du jour anniversaire de la naissance de sayyida Fâtima az-Zahrâ’(p), décrété « Jour mondial de la Femme » par l’imam al-Khomeynî(qs), la Revue Lumières Spirituelles publie deux pages spécifiques concernant la femme. Cette fois-ci, nous allons parler d’une grande savante éducatrice, écrivaine et activiste politique irakienne, tombée en martyr avec son frère l’Ayatollah ash-shahîd Mohammed Baqr as-Sadr en 1980, exécutés par Saddam Hussein après avoir été torturés. (Témoignages de Hajjeh Oum Zahrâ’ qui a eu la chance de l’avoir connue.)

Bent al-Hudâ, de son vrai nom Amina Haydar as-Sadr, est née le 23 février 1938 à al-Kazhimayn, au nord de Bagdad, dans une noble famille de savants religieux : son père était l’Ayatollah Haydar as-Sadr, un sayyed remontant à l’Imam Moussa al-Kâzhem(p) et sa mère était la sœur de l’Ayatollah Mohammed Ridâ Ale Yassîn. Elle vécut dans une maison simple mais illuminée du Savoir divin.

Son père mourut alors qu’elle n’avait que 2 ans. Ce fut sa mère qui prit en charge son éducation et lui apprit (avec l’aide d’une dame) à lire (notamment le Coran) et à écrire à la maison. Elle sera rapidement épaulée par ses deux frères, plus âgés qu’elle : Ismâ‘îl et Mohammed Baqr.

Ainsi, ils lui enseignèrent la grammaire et la syntaxe (an-nahû), la jurisprudence (al-fiqh), la logique, les fondements de la jurisprudence (usûl al-fiqh). Elle suivit également des cours auprès de sheikh Zuheir al-Hassoun et d’Oum ‘Alî al-Hassoun.

Elle était âgée de 11 ans, quand son frère Mohammed Bâqer décida de se rendre à Najaf al-Ashraf et d’emmener toute la famille avec lui. Dans cette ville sainte, elle put profiter du savoir religieux que de grands savants (en plus de son frère) diffusaient ou qu’elle trouvait dans des livres qu’elle achetait avec les petites économies qu’elle arrivait à faire (alors que les jeunes filles de son âge se préoccupaient plutôt d’acheter des bijoux en or)..

Puis, elle se mit à contacter les jeunes filles de Najaf pour leur transmettre le savoir religieux, tant le savoir était pour elle quelque chose de très important. (Bien sûr, le savoir en ce monde diffère de celui de l’Au-delà en genre et aussi au niveau de sa véracité.) Elle insistait sur le fait que le savoir était indispensable pour connaître Dieu et connaître l’objectif de l’existence sur terre.

Ainsi Bent al-Hudâ joua un rôle important dans la sensibilisation islamique chez les femmes musulmanes de l'Irak et dans le fait de les avoir ramenées à l’enseignement religieux.

A cette époque, la situation à Najaf était différente de celle d’aujourd’hui : s’y côtoyaient, à la fois, une pratique traditionnelle (taqlîdiyyah) de la religion, une grande ignorance de ses préceptes et des influences marxistes et baathistes. Bent al-Hudâ vécut cependant dans un milieu très différent, particulier, préservé des influences occidentales et du poids des traditions.

Elle était persuadée que le monde des femmes devait changer mais pas dans le sens de l’Occident.

Elle se mit à écrire des articles, qu’elle publia à partir de 1959, dans une revue islamique imprimée par les savants religieux de Najaf, al-Adwâ’, pour motiver les jeunes filles et leur mettre en évidence la nécessité de connaître la religion et de la suivre.

Elle organisa des rencontres puis des réunions régulières chez elle et chez d’autres sœurs. Elle se mit à leur donner des cours de fiqh (jurisprudence), de sîrat (la vie du Prophète(s) et des Imams(p)), de morale, etc. avec l’aide de son frère Shahîd Mohammed Baqr as-Sadr.

Puis, quand l’Association islamique des Fonds de Bienfaisance développa des écoles privées (les « écoles az-Zahrâ’ »), dans tout l’Irak, pour répandre l’enseignement islamique authentique (en plus de l’enseignement officiel), Bent al-Hudâ fut pressentie, en 1967, pour superviser l’enseignement islamique dans deux des écoles « az-Zahrâ’ », celle de Najaf et celle d’al-Kâzhimayn, son organisation et sa programmation. Ce qu’elle fit, avec une grande détermination, réservant 3 jours pour chacune des deux écoles), veillant sur l’éducation islamique de la nouvelle génération et la résolution des problèmes qui pouvaient apparaître. Elle s’occupait aussi d’autres écoles à Najaf

Cependant, en 1972, Saddam Hussein, sous couvert de généraliser l’enseignement public dans tout le pays, prit le contrôle de toutes les écoles privées. Bent al-Hodâ présenta alors sa démission, ne pouvant plus agir selon ses orientations et ne voulant pas cautionner par sa présence l’enseignement laïc que l’Etat baathiste voulait diffuser.

Elle se mit alors à réfléchir sur comment entrer dans les maisons des gens. Elle choisit d’écrire des histoires avec des objectifs clairs pour faire passer les notions islamiques de façon simple à la nouvelle génération, s’inspirant en cela du noble Coran. Et cela, en plus des autres activités qu’elle continuait de mener : ses cours, ses conférences et ses articles écrits pour la revue.

 Sa première histoire fut « Kalimat wa da‘wat » (Un mot et un appel). Elle fut suivie par d’autres, comme « al-Fadîlat tantasir » (La vertu est victorieuse) ; « al-mar’at ma‘ an-Nabî » (La femme avec le Prophète) ; « Imrâtân wa rajul » (Deux femmes et un homme) ; « al-Burhân » (La Preuve) ; « Sirâ‘ min wâqa‘a al-hayât » (Conflit de la réalité de la vie) ; « al-Bâhithat ‘an al-haqîqat » (La chercheuse de la vérité).

 En 1973, elle se rendit au Hajj et y retourna plusieurs fois, profitant de cette occasion, pour réunir les femmes et leur donner des cours de religion. Elle écrivit à cette occasion une histoire expliquant comment accomplir les rites du Hajj : « Dhikriyât ‘an tilâl Mekkat » (Souvenirs des monts de la Mecque) puis deux séries d’histoires, une à propos de la vie en famille et en société « al-Khâlat ad-dâ’i‘at » (La tante perdue) et une autre sur la résolution de maladies spirituelles « Laytanî kuntu a‘lam » (Ô si j’avais su !).

Elle écrivit également des poèmes où elle exprimait les difficultés des femmes musulmanes.

Bent al-Hudâ ne se maria pas et vécut avec sa mère et la famille de son frère Shahîd Mohammed Baqr as-Sadr. Toute sa vie fut réservée au savoir et à la lutte pour élever la Parole divine.

Dans son enseignement aux sœurs, elle ne se limitait pas aux règles de la législation (le licite et l’illicite, al-fiqh), mais elle insistait beaucoup sur les croyances (le dogme, al-‘aqîdah), qui, selon elle, donnaient le sens de la vie et représentaient les clefs pour résoudre les problèmes qui peuvent surgir durant la vie. Elle s’était donné comme objectif de créer (ou récréer) une ambiance culturelle authentiquement islamique dans le milieu féminin. Elle insistait aussi beaucoup sur la morale.

Elle était elle-même un exemple de bon comportement, d’humilité en même temps que de détermination. Elle s’imposait par sa prestance, sa tendresse, sa bonté, sa simplicité, sa générosité, son ascétisme. Elle connut beaucoup de monde du fait de ses activités et de la renommée de son frère, mais elle se comportait avec tout le monde de la même façon, avec la même gentillesse, déférence et simplicité.

En même temps, elle participait aux activités politiques du mouvement islamique qui était apparu dans tout le pays, en soutien à son frère, shahîd Mohammed Baqr, malgré la violente répression menée par Saddam Hussein. Shahîd Mohammed Baqr fut arrêté en 1972 à l’hôpital de Kûfâ puis relâché. En 1974, des cadres du mouvement islamique furent arrêtés en Irak et cinq d’entre eux exécutés.

En 1977, elle participa au soulèvement de la ville de Najaf. Saddam Hussein exécuta alors un certain nombre de jeunes. Son frère fut convoqué à Bagdad. Cela n’empêcha pas le mouvement islamique de prendre de l’ampleur et de s’étendre dans tout l’Irak en 1979. Les gens venaient à Najaf, reconnaissant et se pliant à la haute autorité religieuse de référence (al-marja‘iyyah) de sayyed Mohammed Baqr as-Sadr.

Le 19 rajab 1399H (1979) sayyed Mohammed Baqr as-Sadr fut à nouveau arrêté.

C’est alors que Bent al-Hudâ sortit de la maison et mobilisa les gens contre cette arrestation. Elle se rendit au Sanctuaire du Prince des croyants(p), prit la parole et harangua les gens pour qu’ils se mobilisent contre l’arrestation de leur haute autorité de référence. La nouvelle circula rapidement. Les gens descendirent dans les rues de Najaf jusqu’à former une grosse manifestation de protestation et exigeant sa libération. D’autres manifestations eurent lieu à Bagdad, à al-Kâzhimayn, à al-Fahûd, à Samorâ’, dans tout le pays, et même à l’extérieur du pays, en Iran, au Liban, à Bahrayn.

En voyant cela, le gouvernement de Saddam Hussein libéra sayyed Mohammed Baqr mais l’assigna en résidence surveillée à Najaf, ainsi que tous les membres de sa famille. Ce fut un blocus sévère. Personne n’avait le droit d’entrer ni de sortir. Ils subirent alors toutes sortes d’épreuves (coupures d’eau et d’électricité, interdiction de faire venir un médecin ou de se procurer des médicaments). Ils lisaient l’invocation an-Nudbah, se rapprochant de l’Imam al-Mahdî(qa). Entre temps, le pouvoir de Saddam Hussein faisait circuler de fausses informations sur eux, pour préparer et habituer les gens à leur martyre.

Neuf mois plus tard, le 19 Jumâdî I 1400H (le 5 avril 1980), Sayyed Mohammed Baqr fut à nouveau arrêté par les autorités irakiennes. Il savait que cette fois-ci il n’y avait pas de retour. Sa sœur Aminat (Bent al-Hudâ) fut emmenée deux jours plus tard. Les raisons de son arrestation : son soutien à l’imam al-Khomeynî(qs) (qui venait d’avoir mené la révolution islamique en Iran) et son soutien indéfectible à son frère, sayyed Mohammed Baqr as-Sadr(qs), avec ses activités et sa mobilisation « zeynabiyyah ». Ils furent tous les deux exécutés le 22 (ou 23) Jumâdi I (le 8 (ou 9) avril 1980) après avoir été torturés.

Le régime ne rendit jamais son corps mais son lieu de sépulture est dit être à Wadi as-Salâm à Najaf, derrière le sanctuaire du Prince des croyants(p).

www.lumieres-spirituelles.net     No107 – Jumâdî I & II 1442 – Déc.-Janvier-Fév. 2021


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