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2021-12-02 | Readers 967 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

L'intention dans le droit chiite de B. Lacombe Fakher


L'intention dans le droit chiite

Brigitte Lacombe Fakher

Editions de Paris (18 octobre 2017)

Collection : Studia Arabica (335p)

Ce livre académique est une thèse de doctorat portant sur la question de l'intention (an-niyyat) au niveau des actes d’adoration(1)d’un point de vue juridique (Fiqh).

Ce sujet est d’abord abordé et développé dans un peu moins de cinquante pages au niveau de l’introduction, avec des prolongements d’ordre philosophique ou idéologique.

Puis vient le corps du livre qui est composé de deux parties :

1-la traduction d’une petite « risâlat » pratique succincte de fiqh(une sorte de manuel de droit islamique) concernant les principaux actes d’adoration avec d’autres petites parties particulières (correspondant aux thèmes abordés habituellement dans le premier volume des « risâlât ») d’un grand savant du 14e siècle(2) ;

2-les apports de l’auteure sur les problématiques de l’intentionsous toutes ses dimensions, en tant qu’ayant une « formation juridique [initialement, occidentale] puis arabisante et islamique [orientaliste].

Le texte de la « risâlat » est d’abord donné par « petites unités » en arabe (trois parties, la dernière étant divisée en huit chapitres), suivi de sa traduction(3) présentée en caractère gras puis de l’apport de la doctorante, séparé par un trait noir épais.

ŸLa 1e partie (ou unité) porte sur « la véritable nature de l’intention ». Après avoir donné des définitions des principaux termes utilisés, elle lie l’intention à l’acte, cite des « satellites » de l’intention (c’est-à-dire des notions qui lui sont associées) comme ses « qualificatifs » (tel « al-ikhlâs » traduit par pureté), rappelle la précellence de l’intention à l’acte, donne la vision de l’intention dans le Fiqh et clôt cette 1ère unité en énonçant les problématiques de l’intention.

ŸLa 2e partie (ou unité) porte sur « le caractère obligatoire(4) de l’intention », prouvé par des arguments rationnels puis par des textes (tirés du noble Coran et des ahadith).

ŸLa 3e partie (ou unité) traite les « différentes modalités de l’intention », c’est-à-dire la manière dont elle s’actualise dans les différents actes cultuels (qu’ils soient obligatoires ou recommandés) : les ablutions (petites et grandes), la prière, la Zakât, le Khoms, le jeûne, le Hajj, le Jihâd, l’ordonnance du convenable et l’interdiction du blâmable et enfin différents petits points.

Ce travail s’achève par une longue bibliographie et un glossaire des termes juridiques employés.

En situant son projet (valorisant l’intention) au cœur des tentatives existantes en vue de parer aux défaillances de la société occidentale moderne et en essayant de rallier la culture occidentale à celle islamique – et plus particulièrement shi‘ite vu « la visibilité croissante du shi‘isme sur la scène politique et internationale depuis quelque décennies » – la doctorante fait preuve d’une « bonne » intention (pour reprendre les expressions citées dans son étude) malgré ses références à ces orientalistes de l’après-victoire de la Révolution Islamique en Iran.

Cette étude est donc un exposé, à plat, en langue française, de la question de l’intention (sous toutes ses dimensions), telle abordée, pour la plupart, dans les textes musulmans (shi‘ites et aussi sunnites) anciens, en dehors de la dynamique moderne de réflexion juridique ou autres. Cependant elle ne peut en aucun cas constituer un manuel de jurisprudence pratique en langue française auquel un croyant pourrait se référer. Elle est un travail académique qui vient s’ajouter à la liste des travaux présentés à la fin du livre par la collection « Studia arabica ».

(1)Cf. l’approche de l’imam al-Khomeynî(qs) sur cette même question dans al-Adâb al-ma‘nawiyyah li-s-salât, traduit et expliqué dans L.S. (des No88 à 106).

(2)Fakhr al-Muhaqqiqin (m.771H/1370apJC) fils du savant al-Hillî, de l'école d’al-Hilla.

(3)qui mériterait peut-être d’être plus précise et plus proche du texte surtout quand il s’agit de Fiqh.

(4)obligatoire pour certains actes d’adoration.

www.lumieres-spirituelles.net     No113  - Jumâdî 1 & 2 1443 – Décembre-Janvier 2022

Citations L'intention dans le droit chiite*

†« Un des aspects du discours sur l’intériorité humaine étudie l’intentionnalité ou autrement dit le rapport entre l’action et ses motivations ou encore le rapport entre la volonté humaine et sa manifestation externe que constitue l’action; la volonté, dont l’intention est une des expressions et étapes, constitue dans le monde intérieur de l’être humain, une composante capitale en tant que déclencheur et dynamo de l’action mais aussi et surtout en tant qu’elle en est l’essence. »(p11)

†« 3. C’est un droit qui place au premier plan les actions cultuelles, c’est-à-dire les actions qui concernent stricto sensu la relation des humains à Dieu. Le caractère religieux est le caractère qui distingue ce système normatif de celui du droit positif et explique pourquoi la majorité des études entreprises par les arabisants ou islamologues sur le droit, ne s’attardent pas, comme l’écrit H. Laoust, sur le droit des dévotions qu’ils n’ont pas considéré comme du droit stricto sensu. »(p24)

†« Le mot niyya traduit en français par le terme d’intention ne se trouve pas en tant que tel dans le texte coranique mais on trouve la racine dont il est dérivé, sous la forme substantivée dans la notion matérielle et physique de noyau : « C’est Allah qui fait fendre la graine et le noyau.. » C.6/95. » (p39)

†« La question de l’intention paraissait au début du fiqh relever de l’évidence : derrière toute action existe une intention ; puis peu à peu, l’intention dans les actes d’adoration s’est frayé un chemin jusqu’à devenir un point de droit et une condition de validité de toute action d’adoration. »(p71)

†« L’originalité de l’auteur [Fakhr al-Muhaqqiqin]est d’avoir le premier rédiger un manuel indépendant des différents chapitres du droit des adorations prenant comme axe l’intention même si son manuel reste avant tout un manuel de droit, qui se veut pratique et non destiné à des spécialistes.  C’est pourquoi il ne se livre pas dans des discussions savantes et pointues sur l’intention. »(p101)

†« On notera que dans l’évaluation des facteurs perturbateurs de l’intention, le docteur de la loi évalue le degré de certitude dans lequel se trouve la personne et tire des conséquences différentes selon que la personne est certaine, doute, a oubliée ou croit (ya‘taqid) ou suppute, même s’il s’avère par la suite que ce qu’elle croyait était différent de la réalité. »(p133)

†« On notera en conclusion de ce chapitre sur le caractère obligatoire de l’intention que l’auteur, dans sa démonstration, s’est appuyé sur des des arguments de nature différente : doctrinale, morale, philosophique, usulite et juridique et les a résumés avec concision. »(p148)

†« L’auteur débute par une définition linguistique et juridique succincte du mot salât en ne mentionnant que la forme extérieure de la prière ; Il mentionne ensuite les deux subdivisions (et qualification juridique) principales dans lesquelles se range tout acte cultuel obligatoire ou recommandé puis poursuit son exposé en commençant par énumérer les prières obligatoire suivant l’ordre habituel de traitement de la prière. »(p201)

†« Les Imâmites se distinguent par le paiement de cette taxe qui, pour eux, n’est pas tombée en désuétude ; de même, selon eux, les articles sur lesquels elle est dûe, ne se limitent pas aux butins de guerre, aux trésors et au mines. » (p239)

†«Nous prenons comme base de discussion, comme pour la prière, la définition d’Al Muhaqqiq qui précise que l’intention du jeûne est considérée, comme dans la prière, soit comme une partie constitutive ou soit simplement comme condition préliminaire du jeûne ce qui entraine le caractère non obligatoire de la détermination; »(p246)

†« Le terme jihâd renferme au niveau linguistique les connotations d’effort et de lutte. Il se divise en deux acceptations : le jihâd al akbar et le jihâd al asġar.

Le jihâd al akbar (la lutte majeure), intérieure (…) ainsi dénommé car il représente la lutte permanente de l’être humain contre ses ennemis intérieurs : ses passions et ses vices ; (…)

Le jihâd al asġar, extérieur, lui est une obligation juridique revêtant un caractère exceptionnel. C’est l’obligation de défendre la religion contre tout ce qui pourrait porter atteinte à son intégrité et à son existence ; »(pp283-284)

†« La prise en compte de l’intention, élément psychique interne, dans la discipline du fiqh qui régule les actes externes et les relations entre les êtres humains entre eux et entre Dieu et ses serviteurs indique que l’intériorité humaine est décisive dans l’évaluation des actes. »(p307)

*Nous rappelons que les citations sont des reproductions telles quelles de passages du livre, sans correction de notre part.

www.lumieres-spirituelles.net     No113  - Jumâdî 1 & 2 1443 – Décembre-Janvier 2022


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