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2022-01-31 | Readers 1270 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Réflexions sur le sermon 80 du Nahj al-Balâgha (2)


Réflexions sur le sermon 80 du Nahj al-Balâgha (2)

Intitulé « Après la bataille d’al-Jamal – du blâme des femmes »

La dernière fois, nous avons vu 1-la traduction du sermon avec son étude lexicale, 2-un rappel des circonstances de la tenue d’un tel sermon public et 3-un premier commentaire (selon l’apparence). Nous allons, cette fois-ci, 4-aborder les principales sources rapportant ce sermon, 5-confronter ce sermon avec le noble Coran et la tradition prophétique et enfin 6-déterminer une attitude à avoir vis-à-vis de ce sermon.

« Rassemblements de gens !

Les femmes ont des manques au niveau de la foi, des manques au niveau des parts, des manques au niveau des raisons. Quant au manque au niveau de leur foi :le fait d’être assises loin de la prière et du jeûne [de s’arrêter de prier et de jeûner]pendant les jours de leurs menstrues. Quant au manque au niveau de leurs raisons :le fait que le témoignage de deux femmes équivaut à celui d’un homme. Quant au manque au niveau de leurs parts : le fait que leurs parts d’héritage sont selon la moitié de cellesdes hommes.

Alors craignez les mauvaises femmes et soyez sur vos gardes avec les bonnes d’entre elles, et ne leur obéissez pas dans ce qui est convenable pour qu’elles ne convoitent pas dans le blâmable. » (Khutbah 80 pp180-181)

 

مَعَاشِرَ النَّاسِ، إِنَّ النِّسَاءَ نَوَاقِصُ الإيمَانِ، نَوَاقِصُ الْحُظُوظِ، نَوَاقِصُ الْعُقُولِ: فَأَمَّا نُقْصَانُ إِيمَانِهِنَّ فَقُعُودُهُنَّ عَنِ الصَّلاةِ وَالصِّيَامِ فِي أَيَّامِ حَيْضِهِنَّ، وَأَمَّا نُقْصَانُ عُقُولِهِنَّ فَشَهَادَةُ امْرَأَتَيْنِ مِنْهُنّ كَشَهَادَةِ الرَّجُلِ الْوَاحِدِ، وَأَمَّا نُقْصَانُ حُظُوظِهِنَّ فَمَوَارِيثُهُنَّ عَلَى الأنْصَافِ مِنْ مَوارِيثِ الرِّجَالِ;

فَاتَّقُوا شِرَارَ النِّسَاءِ، وَكُونُوا مِنْ خِيَارِهِنَّ عَلَى حَذَر، وَلاَ تُطِيعُوهُنَّ فِي المَعْرُوفِ حَتَّى لاَ يَطْمَعْنَ فِي المُنكَرِ.

4-Présentation des sources bibliographiques les plus anciennes concernant ce sermon

Avant et après Sharîf ar-Radî, ce sermon a été rapporté (suivant l’ordre chronologique) par :

ŸIbn Qutaybat (213-276H-~828-889 apJC) dans son « al-Imâmat wa-s-sîyâsat ».

ŸIbrâhîm ibn al-Hilâl ath-Thaqâfî (m 283H-~896 apJC) dans son « al-Ghârât ».

Ÿat-Tabarî (‘al-imâmî’), Abû Ja‘far Mohammed (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

Ÿal-Kulaynî, Mohammed Ibn Ya‘qûb (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

Ÿas-Sadûq, Abû Ja‘far Mohammed (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

ŸIbn Tâlib al-Makkî, Mohammed ibn ‘Alî (m224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

Ÿal-Mufîd, Abû Abdallah (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

ŸSharîf ar-Radî, Abû Ja‘far Mohammed (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

ŸIbn Tâ’ûs, Abû Abdallah (224-310H-~839-923 apJC) dans son « al-Murtarshad fî-l-Imâmat » p418.

Tiré de « Nafahât al-wilâyah, vol. 3 p173 note 1 de l’Ayatollah Makârem ash-Shîrâzî,

citant Masâdir Nahj al-Balâgha, vol.2 p86 ;

Tahqîq Nahj al-Balâgh, p132 note2 de sayyed Hâshem al-Mîlânî

 

Avant de statuer sur comment se comporter par rapport à la fiabilité (ou non) de la transmission de ce sermon (dont le contenu dérange pour ses blâmes adressés à l’encontre des femmes), et donc de son origine,

il faut aussi confronter ce sermon, son contenu, au noble Coran et à la sunna du Prophète(s). S’il est en contradiction avec le noble Coran, la question sera réglée : ce sermon ne peut pas être de l’Imam ‘Alî(p) qui

est le « Coran parlant ».

5-Confrontation de ce sermon avec le noble Coran et la tradition prophétique

 

a)L’argument mis en avant pour justifier les manques des femmes au niveau des raisons.

Pour justifier son affirmation à propos des manques des femmes au niveau des raisons, l’Imam ‘Alî(p) fait référence au verset 282 de la sourate al-Baqara, à propos du témoignage : {.. et s’il n’y a pas deux hommes, alors un homme et deux femmes, de ceux que vous agréez comme témoins, de sorte que si l’une des deux s’égare, l’autre lui rappellera..}(282/2 al-Baqara)(1)

Et selon ce verset, cette façon de faire est plus équitable, plus droite et moins dubitative.

 

b)L’argument mis en avant pour justifier les manques des femmes au niveau des parts.

Pour justifier son affirmation à propos des manques des femmes au niveau des parts, l’Imam ‘Alî(p) fait référence aux verset 11 & 176 de la sourate an-Nisâ’ : {Voici ce que Dieu vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles..}(11/4 an-Nisâ’)(2) & au sujet du défunt {.. s’il a des frères et des sœurs, alors à un frère revient une part égale à celle de deux sœurs.}(176/4 an-Nisâ’)(3)

Et selon ce dernier verset, cette indication de la répartition des parts est pour éviter l’égarement.

 

c)L’argument mis en avant pour justifier les manques des femmes au niveau de la foi.

Pour justifier son affirmation à propos des manques des femmes au niveau de la foi, l’Imam ‘Alî(p) fait référence à la législation islamique (reconnue par toutes les confessions ou écoles musulmanes), selon laquelle les femmes ne peuvent pas, durant leurs règles, prier ni jeûner. (Cependant, les jours de jeûne qui n’ont pas pu être effectués durant le mois de Ramadan doivent être rattrapés.)

 

d)Ce propos du Prince des croyants est-il unique dans la Tradition islamique ?

En fait, il existe, dans la tradition prophétique, un propos rapporté proche de celui de l’Imam ‘Alî(p) qui parle des femmes comme ayant « des manques de raison et de religion »(4) et qui se réfère au même verset coranique (282/2 al-Baqara) pour justifier le manque de raison et à la même législation islamique pour justifier le manque de religion.

 

Ainsi les justifications mises en avant pour affirmer les manques des femmes au niveau de la foi (ou de la religion), des raisons (ou de la raison) et des parts sont tirées du noble Coran et de la législation islamique qu’il n’est pas possible de réfuter. On peut, cependant, déjà noter qu’elles renvoient à des actes, des pratiques en ce monde ici-bas (concernant l’héritage, le témoignage, des actes d’adorations apparents) et non pas à une qualification de la personne elle-même.

Il en est de même en ce qui concerne les mises en garde à la fin du texte : elles se rapportent à des actes (convenables (ma‘rûf) ou blâmables (munkar)).

 

6-L’attitude à avoir vis-à-vis de ce sermon

 

Quelle attitude prendre vis-à-vis de ce sermon ?

a)Le rejeter, le réfuter, le considérer comme non-authentique (pour différentes raisons, comme la faiblesse de sa chaîne de transmission, son contenu dérangeant ou ne convenant pas à l’ambiance générale actuelle (même si certains grands savants de confiance l’ont transmis)) ?

En tout cas, il n’existe pas de preuve indubitable réfutant l’attribution de ce sermon à l’Imam ‘Alî(p).

b)Dire que l’Imam ‘Alî(p) s’est trompé ? Qu’il(p) était misogyne ? Qu’il(p) avait une mauvaise opinion des femmes ? Ce serait en contradiction avec la croyance en son infaillibilité. De plus, les Imamites croient que tout ce qu’il(p) faisait n’était pas par réaction, ni par impulsivité, ni vainement, mais avec clairvoyance en vue de sauvegarder le Message divin et de créer les meilleures conditions pour sa réalisation dans le futur.

c)Alors, dans la mesure où ce sermon ne peut pas être réfuté de façon catégorique, quelle attitude avoir ? Sans doute, le mieux est de reprendre le sermon, d’en faire une étude plus approfondie, d’en dégager les questions qui viennent à l’esprit et de pousser au plus loin la réflexion sur ce sermon, en mettant de côté les doutes sur son authenticité et les premières impressions (négatives). Nous verrons aussi s’il s’agit d’un sermon lié aux circonstances de la bataille d’al-Jamal, pour des gens de son époque, ayant pour objectif de viser une personne particulière ou s’il contient aussi des vérités générales, encore valables de nos jours (caractérisés par la préparation de la sortie de l’Imam al-Mahdî(qa)).

(1)282/2 al-Baqara - فَإِنْ لَمْ يَكُونَا رَجُلَيْنِ فَرَجُلٌ وَامْرَأَتَانِ مِمَّنْ تَرْضَوْنَ مِنَ الشُّهَدَاءِ أَنْ تَضِلَّ إِحْدَاهُمَا فَتُذَكِّرَ إِحْدَاهُمَا الْأُخْرَى

(2)11/4 an-Nisâ’ - يُوصِيكُمُ اللّهُ فِي أَوْلاَدِكُمْ لِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ

(3)176/4 an-Nisâ’ - وَإِن كَانُواْ إِخْوَةً رِّجَالاً وَنِسَاء فَلِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ

(4) certes de source faible :  نَاقِصَات عَقْلٍ وَ دِينٍ- in Sahîh al-Bukhârî, vol.1p68 ou 78 ; Sahîh al-Muslim, vol.1p86 ; Musnid Ahmed, vol.2 p67 ; repris dans Bihâr al-Anwâr, vol.103 p259, cité par s. Hâshem al-Mîlânî dans son Tahqîq Nahj-l-Balâgha, p132.

www.lumieres-spirituelles.net     No114 – Rajab-Sha‘bân 1443 – Février-Mars 2022


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