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2023-05-18 | Readers 851 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

La guerre au Soudan, jusqu’où ?


La guerre au Soudan ... jusqu’où ?

Le Soudan est un pays d’environ 45 millions d’habitants à 93% musulmans, s’étendant le long du Nil et situé au bord de la Mer Rouge (700km), sur son côté oriental, entre l’Egypte au nord et l’Ethiopie au sud. Il fut de tout temps convoité par ses voisins proches (et lointains) pour différentes raisons. Et, depuis son indépendance de la colonisation anglo-égyptienne en 1956, il n’a connu que des guerres civiles (nord/sud – centre/périphérie) et des coups d’Etat militaires.

uLe Soudan et ses alliances

ŸPendant le règne de Gaafar Numeïri (1969-1989), ce fut l’allégeance aux Etats-Unis qui fut privilégiée, en échange d’importantes aides financières.

ŸPuis, vint le coup d’Etat mené par le chef de l’armée soudanaise, le général ‘Omar al-Béchir (1989- 2019), connu pour ses positions pro-islamiques et son soutien à la cause palestinienne.

 Les Etats-Unis placèrent alors le pays sur sa liste (noire) des pays soutenant le terrorisme et imposèrent un embargo contre le pays en 1997.

 Ce qui poussa ‘Omar al-Béchir à se tourner vers la Russie.

 L’entité sioniste, de son côté, mena plusieurs frappes aériennes contre le Soudan en 2009 et 2012. Et surtout, elle apporta son soutien matériel et financier aux rebelles du sud (majoritairement chrétiens) et ceux du Darfour jusqu’à aboutir en 2011 à la sécession et à la création du Soudan du Sud (riche en pétrole et en eau) auquel elle est restée alliée.

 Privé de la manne pétrolière (le Soudan du Sud représentant 85 % des ressources pétrolières) et des aides financières, ‘Omar al- Béchir accepta d’envoyer ses troupes au Yémen contre le peuple yéménite, à partir de 2015, dans le cadre de la coalition mise en place par les Etats-Unis au Moyen Orient, avec l’entité sioniste, des pays du Golfe (Arabie-Saoudite et Emirats Arabes Unis) et l’Egypte contre l’Iran, en échange de « prêts » importants saoudiens.(1)

ŸIl fut destitué le 21/4/2019, par le chef de son armée, le général Abdel-Fattâh al-Burhân.

ŸCe dernier, après un nouveau coup de force, le 25/10/2021, mené par lui, aidé du chef des Forces de Soutien Rapides (FSR)(2), le général Mohammed Hamdan Dagolo, surnommé Hemedti, s’imposa à la direction du pays, mettant fin à toute tentative d’un pouvoir civil. Ce coup de force bénéficia du soutien de l’entité sioniste(3), mais provoqua l’interruption de l’aide financière internationale.

uEt voilà que ces deux généraux se font la guerre !

ŸLe 15/4/2023, Hemedti réagit aux tentatives du général al-Burhan d’intégrer ses F.S.R. au sein de l’armée nationale, en bombardant de son armement lourd, les positions de l’armée soudanaise qui, à son tour, répliqua par des raids aériens, dans le mépris total du sort de la population civile(4).

ŸDepuis, tous les deux se mènent une guerre sans merci, essayant chacun de renforcer ses positions.

 Al-Burhân se plaçant comme le représentant légitime du pays, notamment dans les régions du nord et du Nil ou « centrales » avec la capitale Khartoum, et Hemedti renforçant sa base au sud, au Darfour, la « périphérie », plutôt nomade avec la présence d’une très faible minorité chrétienne (surtout copte) et animiste, au moyen de la force et de l’argent, tous les deux aiguisant de fait les tensions ethniques et géographiques.

 Tous les deux rivalisent à coups de déclarations(5), de coups de téléphone, de visites et de services(6), pour se faire valoir auprès des Etats-Unis, de l’entité sioniste, de la Russie, etc., chacun prêt à se vendre au plus offrant pour arriver à ses fins et vaincre l’autre !

 C’est qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir la haute main sur ses propres forces armées et d’absorber l’autre mais aussi de s’assurer le monopole de l’exploitation de la nouvelle découverte des années 2010 dans le pays : l’OR !

 Or, la veille du clash, al-Burhan avait établi une nouvelle législation imposant le contrôle de l’exploitation, de la raffinerie et de l’exportation de l’or par l’Etat, soustrayant ainsi, de fait, leur contrôle jusqu’alors quasi total par Hemedti.

L’OR une malédictionpour les Soudanais ?

Le Soudan est devenu en peu de temps le 3e producteur d’or de l’Afrique et le 13e au niveau mondial !

A l’heure actuelle, l’or est :

 exploité à 80 % par des prospecteurs locaux individuels éparpillés dans le pays (orpaillage artisanal), sous égide de seigneurs de guerre locaux ou de fonctionnaires corrompus ;

 exporté à 70 % en contrebande et exclusivement vers…la Russie, sous le contrôle quasi-exclusif du général Hemedti (et de son frère).

Ne profite de cette manne ni l’Etat soudanais et encore moins le peuple soudanais !

uLes puissances occidentales étrangères à ce clash violent ?

ŸQuoi de mieux pour elles que d’aviver cette rivalité et d’augmenter les enchères pour obtenir une plus grande vassalité de celui des deux généraux qui l’emportera ! Et bien sûr, tout cela sous le couvert de manifestations de soutien aux deux parties et d’appels à l’accalmie !

L’entité sioniste !

ŸSes ambitions, ses ingérences directes (experts militaires et agents du Mossad) et sa politique de fomenter des séditions depuis des décennies au Soudan sont connues. Cherche-t-elle à détruire totalement ce pays en le déchiquetant morceau par morceau, pour imposer son hégémonie dans la région ?

Les Etats-Unis !

ŸOn connait leurs velléités de maintenir leur hégémonie sur la région, tant du côté africain que celui des voies de passage stratégiques – en l’occurrence ici celle du canal de Suez à la Mer Rouge.

 Il s’agit donc pour eux à la fois d’avoir la haute main sur les forces antagonistes locales à coup de pressions, de sanctions, d’embargo et de soutiens militaires, et de l’autre, d’empêcher la présence russe (ou autre) dans cette partie du monde.

 Ils n’ont pas beaucoup apprécié l’accord donné, le 13/2/2023, par les deux généraux à la Russie pour l’établissement d’une base navale militaire à Port Soudan, au bord de la Mer Rouge.

 Ni d’ailleurs la vente exclusive de l’or à la Russie, mettant en échec leur politique des sanctions établie contre elle depuis le début de l’intervention de cette dernière en Ukraine, le 24/2/2022.

 En tout cas, on peut noter l’accent porté, dans la presse occidentale, à propos de ce conflit, contre la Russie et plus particulièrement le groupe Wagner, avec, au passage, une critique de l’un ou l’autre des deux généraux pour sa relation avec elle. L’éclatement de ce violent conflit entre les deux généraux serait-il un signe d’affaiblissement des Etats Unis et de leur déclin ?

Quant à la Russie !

ŸIl est clair qu’elle cherche à rétablir sa présence dans cette partie du monde et à préserver son principal pourvoyeur en or dans des conditions très favorables (où d’ailleurs, le groupe Wagner ne serait pas absent).

 Aussi, cherche-t-elle à ménager la chèvre et le chou, en livrant armes et autres aux deux parties, tout en cherchant à sauvegarder ses propres intérêts.

Dans une telle situation, quel avenir attend le pays ?

Que peut espérer le peuple soudanais ?

{Ceux qui fragmentent leur religion et se fractionnent en groupes,

tu n’es en rien [responsable] de ceux-là.

Leur ordre [revient] à Dieu. Puis Il les informera de ce qu’ils faisaient.}(159/6 al-An‘âm)(7)

(1)Hemedti, de son côté, y envoya aussi des mercenaires de ses forces armées, ceux-là étant certes bien mieux payés..

(2)Les F..S.R. proviennent des forces supplétives (les milices Janjawids) que ‘Omar al-Béchir avait constituées pour mater les révoltes du Darfour soutenues par l’entité sioniste.

(3)Multiplication des visites « secrètes » des responsables militaires et du Mossad sionistes avant et après le coup d’Etat.

(4)Au 16/5/2023, il y avait plus de 822 morts et plus de 5000 blessés, sans parler de l’exode forcé et des autres méfaits de cette guerre. La « Déclaration de Jeddah pour le protection des civils au Soudan », signée le 12/5/2023, semble jusqu’alors peu respectée.

(5)Notamment en faveur du développement des relations avec l’entité sioniste après l’accord de la normalisation avec elle, établi en présence de ces deux généraux, fin 2020, début 2021 mais qui ne fut pas suivi de mesures concrètes. En tout cas, cet accord avait permis le retrait du Soudan de la liste « noire » américaine et l’octroi d’une aide financière.

(6)Comme permettre le passage des armes envoyées à l’Ukraine via les différents aérodromes du Soudan.

(7)159/6 al-An‘âm –

 إِنَّالَّذِينَفَرَّقُواْدِينَهُمْوَكَانُواْشِيَعًالَّسْتَمِنْهُمْفِشَيْءٍإِنَّمَاأَمْرُهُمْإِلَاللّهِثُمَّيُنَبِّئُهُمبِمَاكَانُواْيَفْعَلُونَ

www.lumieres-spirituelles.net N°122 - Dhû al-Qa‘deh-Dhû al-Hijjah 1444 - Mai-Juin-Juillet 2023

Sh. Khodr ‘Adnân : le martyrepour la liberté!

Au matin du 2 mai 2023, le détenu palestinien connut le martyre à l’âge de 44 ans dans les geôles de l’entité sioniste, à son 86e jour de grève de la faim. Il a été retrouvé inconscient dans sa cellule, les autorités sionistes ayant refusé de l’hospitaliser malgré son état de santé, faisant fi aux lois internationales.

Arrêté pour la treizième fois, le 5 février 2023, à Arrabat près de Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée, sous de vains prétextes, il y avait entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention arbitraire.

En tout, il passa 8 ans dans les geôles sionistes, depuis sa première détention de 4 mois en 1999. Il y a mené 6 grèves de la faim qui avaient chacune abouti à sa libération.

Quatre pour protester contre le régime de la détention administrative(1)et toutes pour dénoncer les conditions de détention – la torture, le harcèlement, les mesures répressives et vexatoires, les punitions collectives, l’isolement cellulaire – et l’arbitraire des arrestations(2).

Fervent défenseur de sa cause (la cause palestinienne), membre du Jihad Islamique – sans toutefois réaliser d’opération militaire de résistance – il participait aux manifestations et haranguait les foules.

C’est lui (étudiant en mathématiques) qui harangua les étudiants contre le PM français Lionel Jospin, lors de sa visite à l’Université de Bir Zeit (Ramallah), le 26/2/2000 (ce dernier ayant qualifié de ‘terroristes’ les actes de la résistance islamique libanaise contre l’occupant sioniste). Il avait alors crié : «Un seul peuple qui ne meurt pas de Bir Zeit à Beyrouth ! ». Jospin dut prendre la fuite sous une pluie de huées et de pierres.(3)

En prison, il était très actif parmi les détenus et conduisait des mouvements de revendication des droits des détenus palestiniens. Il était le lien vivant entre les détenus palestiniens à l’intérieur des geôles sionistes et ceux à l’extérieur dans les territoires occupés de la Palestine.

« Le combat avec nos intestins » et « La faim pour être libre » étaient ses armes quand il était détenu et qu’il menait ses grèves de la faim.

Jusqu’à maintenant, son corps n’a pas été remis à sa famille (sa femme et ses 9 enfants).

« Si tu n’es pas « Husseiniyyann » sur la voie du martyre, sois au moins « Zeinabiyyann » dans l’information et la propagande dans la défense de notre terre, du caractère sacré de notre cause, du droit à la liberté, à la puissance/dignité et à la dignité ! » sh. Khodr ‘Adnân

(1)cf. LS No38. La « détention administrative » permet la détention de Palestiniens pour une durée allant jusqu’à 6 mois, renouvelable indéfiniment, sans motif d’accusation. En d’autres termes, c’est une détention sans charges ni preuves, ni véritable procès, ni défense, à durée indéterminée, considérée selon le droit international et l’ONU comme étant un crime de guerre ou d’apartheid. Aujourd’hui, cette mesure concerne plus de 1000 Palestiniens et certains depuis de nombreuses années.

(2)Aujourd’hui près de 5000 Palestiniens sont détenus dans les prisons sionistes dont 31 femmes et 170 enfants.

(3)cf. Le Figaro du 16/11/2013. Trois mois plus tard, eut lieu le retrait de l’armée d’occupation israélienne du sud-Liban, le 25/5/2000.

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